Les yeux plus gros que le ventre, Martin Parr, « Food (& other series) ».

  

i-1---2014---food-and-other-series---photo.-fabrice-seixas-3

MARTIN PARR FOOD (& OTHER SERIES), View of the exhibition © Martin Parr / Magnum Photos Photo. Fabrice Seixas Courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris

Les murs jaune et rose bonbon, donnent le ton de la quatrième exposition personnelle de Martin Parr, « Food (& other series) », dans la galerie Kamel Mennour.

En plus d’échapper à la froideur habituelle des galeries, ces couleurs, choisies pour évoquer des chambres d’enfants par l’équipe de Kamel Mennour, conviennent parfaitement au style pop de l’artiste britannique. Les photographies exposées, issues de plusieurs séries, ont été sélectionnées par Martin Parr lui-même. On y retrouve l’univers touristique de Paris tel que des mini-Tour Eiffel colorées (Paris, France, 2012) – photographie reprise d’ailleurs par la ville de Paris pour ses voeux 2015 – mais aussi des mains de touristes tentant désespérément de capturer un bout de la Joconde avec leurs téléphones au Louvre (Paris, France). Sur le même mur, des clichés évoquant le monde chic et luxueux de la Fashion Week parisienne détonnent face au kitsch britannique illustré par des silhouettes portant des vêtements à motifs bien « british » (Queens Birthday party, Germany) ou des jeunes filles sortant de soirées dont la taille des jupes nous fait bien sentir que l’on se trouve en Angleterre (Girls night out, Bristol, England). L’association de ces clichés étonne mais ce qui lie ces photographies entre elles, c’est toujours le regard ironique et critique de Martin Parr sur notre époque et sur nos sociétés qu’il tente de documenter.

 

i-4---2014---food-and-other-series---photo.-fabrice-seixas-69

MARTIN PARR FOOD (& OTHER SERIES), View of the exhibition © Martin Parr / Magnum Photos Photo. Fabrice Seixas Courtesy the artist and kamel mennour, Paris

Dans la salle du bas, les quatre murs sont recouverts d’un papier peint conçu in situ à partir de 250 photographies de nourriture. Si l’initiative est à l’origine de l’artiste qui tente sans cesse d’utiliser de nouveaux supports, on apprécie une scénographie qui échappe aux traditionnelles maries-louises dans des cadres noirs auxquelles les galeries parisiennes nous accoutument.

Les photographies montrent, en gros plan et dans des couleurs saturées, des plats du monde entier, allant de l’assiette de frites au gâteau distingué en passant par des emballages alimentaires. Le dispositif est pertinent puisque l’on se sent oppressé par cette opulence de nourriture. On est pris entre le dégoût face à notre mode d’alimentation et de consommation que Martin Parr pointe du doigt, et notre envie de courir dans la boulangerie ou le supermarché le plus proche pour soulager notre gourmandise. Il est cependant dommage que le motif n’ait pas été poussé jusqu’à recouvrir à la fois le sol et le plafond. L’effet n’en aurait été que plus perturbant.

La galerie Kamel Mennour propose à ses visiteurs des tasses et des boules à neige reprenant les photographies de l’artiste. Ainsi, dans ce monde du tout consommable, même les photographies de Martin Parr peuvent être achetées en produits dérivés.


Anaïs Guédon

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.