« Inside » au Palais de Tokyo

Le palais de Tokyo – haut lieu de l’exposition de l’art contemporain accueille cet hiver l’exposition « Inside ». Trois commissaires dirigent le projet : Jean de Loisy, Daria de Beauvais et Katell Jaffrès. Passées les mondanités, ce trio ne représente pas de changement radical de la politique du palais de Tokyo.

L’exposition nous promet une démarche physique et spirituelle, une introspection sur le modèle philosophique de la marche dans le jardin de la renaissance. Des espaces symboliques : le jardin d’amour, le pont des périls, la vallée des plaisirs, la forêt terrible et sombre, l’apparition des monstres. Un chemin qui a de quoi mettre en goût. La fréquentation aussi – une des meilleures de l’année 2014 – nous indique que quelque chose se passe derrière les portes du palais de Tokyo. Dans un premier temps l’enthousiasme prend le dessus : l’œuvre du groupe Numen//For Use constituée de scotch et formant une toile d’araignée interactive (les visiteurs peuvent s’aventurer à monter à l’intérieur) sur toute la longueur du hall d’entrée est impressionnante.

 

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Groupe Numen/For Use, Tape Tokyo, 2013

Et puis cet enthousiasme nous amène à ignorer cette « forêt » d’Eva Jospin faite de carton, ces « gribouillis » de Marc Couturier, plus loin un atelier de sculpteur de Mark Manders ou encore ce « bunker » de Mike Nelson. Ces œuvres sans grande pertinence avec le sujet traité ne nous transcendent ni spirituellement ni physiquement, allant jusqu’à nous laisser perplexe. Les œuvres d’art se suivent les une après les autres sans trop de cohérence. Les temps forts de la visite résident dans les œuvres d’art et les artistes, qui nous font voyager en nous incorporant à leur travail : de petits mondes entre lesquels se glissent d’autres productions artistiques sans grand rapport. Tel un prétexte, l’« intérieur » demeure finalement dans l’interprétation que chacun peut en faire, même si on l’aurait voulu plus évidente.

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Mike Nelson, Studio Apparatus for Palais de Tokyo ou The Exorcism, 2014

L’engouement provoqué par « Inside » est sans doute dû à ses œuvres d’art monumentales et interactives. Aujourd’hui plus que jamais le musée se place comme  vendeur de divertissement, prenant des allures de parcs d’attractions. Qui verrait en une toile d’araignée géante faite de scotch autre chose qu’une aire de jeu pour enfants ? Malgré une qualité esthétique évidente, le fond peine à se démarquer. En espérant que le Palais de Tokyo ne tombera pas dans le piège de faire de ce lieu pointu de l’art contemporain un autre espace de « loisir culturel ».

Lou Daza

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