Steeve Bauras – le photographe du son

On peut voir dans le travail de Steeve Bauras, jeune artiste français, de nombreuses translations d’attributs entre matières différentes. Il traduit le son dans la sculpture volumineuse. Il prive la photographie de sa représentativité. Il utilise la méthode du constructeur avec des puzzles d’assortiments variés.

Le projet plus récent de Bauras, Small Local Abattoirs, montré à la 65e exposition de la Jeune Création, est une constellation d’œuvres de différentes années, choisies dans la « bibliothèque » de l’artiste. Cette installation contient des photographies, une sélection de vidéos en boucles ainsi qu’une installation sonore. Les parties anonymes créent l’émotion de l’incertitude et même du danger, et n’indiquent pas de sujet concret. Pourtant, les liens conçus par l’artiste entre les parties du projet créent une résonance intègre entre les constituants. Le travail de Steeve Bauras s’axe autour de la force de l’image, qu’il teste en la privant du contexte initial ou de clés textuelles. Il fait des mises en scène pour la présentation des images, pour leur activation et leur performance, le cas échéant. Il vérifie la sensibilité de l’image, ainsi que la réceptivité visuelle du spectateur. Est-ce une priorité de rester toujours l’auteur des images ? Parfois, comme dans la vidéo My Dears (en cours), l’artiste travaille avec des matériaux visuels déjà existants ; il les refilme, en soulignant le processus d’appropriation de l’image avec laquelle il travaille. Quand il était plus jeune, il voulait faire du reportage de guerre, et suit toujours sa méthode de reportage sur la démolition, irréversible, effrayante, sublime, presque apocalyptique.


La vidéo est une prolongation de la photographie, c’est sa manière d’écrire visuellement. On peut aussi commenter ses projets sur le skateboard, où le mouvement et le trajet du skate représentent la fluidité de l’image, le mouvement du regard. À son tour, le sujet, né à partir d’une métaphore de propulsion, apparaît dans la géométrie des installations d’artistes, comme dans le projet 3K.

La notion de composition est une des clés des œuvres de Steeve Bauras, corrélant tout-à-fait sa pratique d’artiste visuel et son admiration pour la musique. Le son dans ses installations acquiert presque un côté physique : l’artiste même, photographe de la scène musicale alternative, perçoit le son indissoluble des images. C’est ce qui crée le rythme, la tonalité, le tumulte à partir des éléments de son archive des fragments d’être.

Ekaterina Shcherbakova

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