Quel avenir pour la critique de l’art contemporain?

Par Mona Prudhomme

Hier j’ai passé mon après-midi dans les fauteuils confortables du Pavillon Carré de Baudouin. Durant 2 jours, les critiques, directeurs de centres d’art, professeurs, commissaires, artistes, rédacteurs en chef, chercheurs du monde de l’art contemporain ont débattu sur le statut de la critique d’art de nos jours.

Bien entendu, une des grandes questions soulevées fut celle de la relation souvent compliquée entre l’artiste et son critique. N’ayant toujours étudié ce rapport qu’avec son inscription dans l’histoire des arts, j’ai apprécié d’observer les réactions et tensions actuelles.

En effet, le critique d’aujourd’hui ne sait plus comment se positionner ou du moins sa place a largement évolué aux yeux des institutions et des artistes. Même sans aller jusqu’à affirmer une mort de la critique d’art, nous pouvons constater une forte diminution de son activité dans le fait que son essence et son but premier semblent avoir beaucoup changé. La critique se retrouve parfois comme un intermédiaire, une simple étape de transition dans la carrière de l’artiste.

Le texte critique ne serait là que pour étayer, étoffer, la matière théorique des œuvres lors de démarches de diffusion. Mais dès lors que l’artiste devient célèbre, la critique négative est quasiment bannie. Dans le meilleur des cas, elle sera utilisée par les médias comme une provocation, pour divertir le lecteur de cette société-spectacle dans laquelle nous vivons.

Le “fourre-tout” qu’est l’art contemporain signifie-t-il que des personnes à l’œil aiguisé sur la production actuelle ne peuvent plus donner leurs clefs de lecture et leurs opinions ?

On se focalise beaucoup trop souvent sur les critiques d’art vives par leur opposition ou leur jugement de valeur négatif, mais dans sa globalité la critique n’est-elle pas aussi un moyen accessible de théoriser les œuvres ? L’appréciation artistique est subjective soit. Cependant, mauvaise ou bonne, la critique d’art reste une trace extérieure d’un intérêt porté sur une production donnée. Pour une majorité d’artistes qui ne verra jamais leurs œuvres analysées dans une publication majeure, ces écrits peuvent être essentiels.

J’ai trouvé passionnant d’écouter des interventions de multiples acteurs de la culture. Les critiques eux-mêmes furent très expressifs, souvent dans une frustration ou peur commune quant à leur avenir, mais les réactions d’autres professionnels de l’art ont permis au débat de s’ouvrir.

Un bilan ? Difficile… Et toute la beauté est là, le débat reste ouvert !

Mona Prudhomme

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