Margaux Schwarz – Du visage à la relation … De la relation à l’image

Margaux Schwarz

 

Dans l’oeuvre de Margaux Schwarz, il y a tout d’abord une rencontre. Un point de départ qui engendre une multitude de lieux, de situations, d’atmosphères, d’oublis, de correspondances et d’enregistrements vidéos. Mais avant même d’être un moyen d’enregistrer,  un « moment donné » ou une situation extrême, les notions de partage et d’échange priment dans le travail de l’artiste. Margaux Schwarz ne dirige pas, elle ne contrôle pas et ne joue aucun rôle. Elle apporte ses idées et son matériel d’artiste, puis laisse les choses se faire et parler d’elles-mêmes. En découle alors des œuvres instinctives, symboliques et engagées, parfois ambiguës mais toujours sensibles.

Ce « matériau humain » avec lequel l’artiste travaille, c’est Pierre-Charles, un « vagabond », un poète, un homme hors des structures, hors du temps mais jamais hors de soi, ni hors des autres. En somme et selon les propres termes de l’artiste, un homme qui a décidé de « vivre sans murs mis à part quelques parois de chair bien choisies ». Dans les vidéos, ce n’est pas nous qui regardons le portrait que Margaux Schwarz a pu faire de cet homme ; c’est lui qui nous regarde, qui nous observe, qui nous contemple. Et c’est encore lui qui nous narre des anecdotes, des histoires, ses histoires. L’échange devient alors instinctif tant entre elle et lui qu’entre lui et nous. Il y a du rythme qui se crée, une réciprocité, une duplicité liée à un langage particulier, à une éthique, une expérience de l’altérité, un même « face à l’autre » et enfin une voix qui parle.

La voix. Cet organe, cet appareil, cette machine à son est un élément essentiel à prendre en compte dans le travail de Margaux Schwarz. Par son timbre, elle est tout d’abord son attirance pour Pierre-Charles. Elle est ensuite sa méthode de communication. Elle est également et à la fois son processus et sa forme, elle est la musique de l’âme.

Ainsi, dans l’installation The Stranger Song, présentée lors de l’exposition « Jeune création 2014 », cette voix est représentée sous diverses formes :

Il y a la voix à l’état brut et clair d’un chanteur réinterprété par une tireuse de carte. Il y a la voix de Pierre-Charles s’exprimant aussi bien oralement par le biais de la captation vidéo que par écrit, dans une correspondance entre lui et l’artiste. Puis il y a la voix d’un décor qui regroupe un tapis de sol marqué de traces de pas, de deux barres de danse métalliques et d’un paravent fait de tôle et de velours. Alors ce décor peut être vu comme la propre voix de l’artiste, désireuse d’entraîner le spectateur dans un espace fait de récits, d’images et d’intimité.

Par autant de preuves aussi matérielles qu’immatérielles, on ne peut rester insensible plus longtemps face au quotidien qui nous entoure et face à la perfectibilité du monde. Margaux Schwarz est engagée parce qu’elle ose nous rapprocher des autres, donc de nous-mêmes dans un pas de danse à trois temps. Dès lors, son travail ne pourrait-il pas être tout simplement perçu comme un engagement ? Un engagement dont sa forme si particulière se revêt d’un visage. Car « sans visage pas de communication, et sans communication pas de relation ».

 

 

 

 

 

 

Marcy Petit

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