« Dans l’attitude la permanence »

à propos de l’exposition « Quand les formes sont attitudes », 22/01/2014 – 22/03/2014, 40mcube, Rennes

L’exposition « Quand les formes sont attitudes » se réfère immédiatement à la célèbre programmation d’Harald Szeemann « When Attitudes becomes form : live in your head » qui pris place à la Kunsthalle de Berne en 1969. À cette époque le commissaire entendait dévoiler au public ce qui n’avait jamais été montré, à savoir la prédominance du processus et de l’expérimentation qui donna naissance à l’art conceptuel et ses multiples directions. « C’est la première fois que l’attitude intrinsèque de l’artiste est présentée, et de façon aussi précise, comme une oeuvre » déclame-t-il alors. Le processus ne donne plus lieu à un objet fini, qui dépasserait son mode de création, mais deviendrait cette expérience même de la matière, cette tentative de produire un objet qui échappe, pour rester problématique. Ces attitudes devenues formes obtinrent par cette exposition une légitimation et contribuèrent à ce que « cet art s’impose comme une continuation de la grande histoire de l’art de la Renaissance » comme l’indique Szeemann.

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vue de l’exposition. Lili REYNAUD DEWAR, Inaccurencies, 2010, installation vidéo, bois, métal, plastique, tissus, rafia, vidéo couleur avec son, lettre encadrée : 37 x 125 cm, table : 75 x 184 x 84 cm. Inv. FNAC 2012-179. © Lili Reynaud Dewar / CNAP.

Les artistes repérés par le curateur suisse, ont acquis une reconnaissance internationale et demeurent aujourd’hui de véritables références. L’aspect expérimental des pièces, le geste artistique accepté pour lui même, ou encore la dématérialisation de l’objet, finirent par produire les formes, le style, d’une partie de la création contemporaine. Cette tendance actuelle contribue à figer l’expérimentation et nie finalement l’essence de la pratique originelle qui s’affirme telle une tentative et non forme déterminée. L’exposition fut progressivement érigée sur un piédestal, à un point si élevé que Germano Celant décida, non sans contresens, d’organiser son remake à la Fondazione Prada à Venise en 2013. Un tel acte révèle à la fois l’importance de la proposition antérieure, mais aussi le spectacle de la société contemporaine et les dérives de la notoriété. Nous pouvions effectivement nous demander, face aux cimaises reproduites dans le palais vénitien, la logique de la reconstitution dans un lieu trop petit pour l’accueillir dans son ensemble.

Le centre culturel rennais propose de se plonger, non pas dans une énième résurgence de la création de la fin des années 70, mais dans la permanence induite, depuis lors, « d’une attitude au sens large du terme ». Cette position devient un engagement, un rituel parfois, un acte fantasmé ou concret, intime ou public qui marque le réel d’une empreinte éphémère ou durable. De ces liens découlent les oeuvres présentées dans le cadre de l’exposition pensée par Anne Langlois.

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vue de l’exposition. Steven PARRINO, Trashed Black Box n°2, 2003, caisson muni d’une ouverture, construit en plaques de placo-plâtre laquées noir sur leur face interne et endommagées de l’intérieur à l’aide d’une masse, placo-plâtre, aluminium et laque noire, 250 x 240 x 240 cm. © D.R. / CNAP.

Jimmie Durham en jetant une pierre dans un pot éclabousse de peintures des panneaux de contreplaqué qu’il accroche ensuite aux murs, devenant les témoins aux stigmates aléatoires d’un mouvement, lui, contrôlé. Steven Parrino s’est acharné à coup de masse sur un cube de 2,5m de côté, tandis qu’Emmanuelle Lainé s’est attardée à faire photographier par un professionnel des installations disposées dans son atelier. Lili Reynaud-Dewar met judicieusement en scène, dans Inaccurencies, deux costumes féminins aux consonances africaines pendus sur la cimaise où est projetée une vidéo. Pour cette dernière, deux femmes blanches, affublées des habits précédemment évoqués, déballent des objets souvenirs, eux même entreposés sur un table face à l’écran. Ces dernières, après avoir enfermé les cadeaux dans une valise, traversent une ville, puis une forêt, pour finalement les brûler, tel le simulacre d’un sacrifice. Le processus se dévoile à la fois dans la présentations des reliques de la vidéo, mais également dans une lettre, écrite par l’artiste, dans laquelle elle détaille l’intention de son projet. Enfin, dans une vidéo diffusée au coeur de la « black room », le collectif We Are The Painters, tente de peindre littéralement sur nature un paysage balayé par des conditions climatiques variables. L’ensemble des oeuvres restent dans leur sujet assez éloignées mais se rejoignent par leur mode d’existence en tant que traces, palimpsestes, empreintes du geste qui les a produits.

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Lili REYNAUD DEWAR, Inaccurencies, 2010 (extrait), lettre encadrée : 37 x 125 cm, FNAC 2012-179. © Lili Reynaud Dewar / CNAP

Ici il ne s’agit plus d’affirmer l’émergence d’un nouvel aspect expérimental, mais de comprendre ce qui dans la forme marque l’attitude, l’idéologie ou l’action de l’artiste. Cette posture n’est plus un simple possible mais devient le point de départ d’un projet à considérer dans la permanence.

Thomas Fort

21 thoughts on “« Dans l’attitude la permanence »

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