Squat ou pas ? Réflexions sur les lieux artistiques alternatifs à Paris

–         20 janvier 2014, une nouvelle année et une occasion de plus à découvrir de nouveaux lieux dédiés à l’expression artistique. Je pars à la recherche des endroits où l’œuvre d’art échappe au système d’art commercial et rejoint la logique d’échange libre et spontanée entre artistes et public : les squats.

–         Premier lieu à honorer : La Générale, coopérative artistique, politique et sociale à Paris, 11e arrondissement. Le 20 de chaque mois le lieu ouvre ses portes à tout public pour venir voir les actions de l’association La Générale Nord-Est, les productions des artistes résidents, des spectacles, des conférences etc.

–         Au programme ce soir-là, un spectacle de CMMN SNS PRJCT (Common sense project), un projet de Laura Kalauz et Martin Shick adapté et interprété par Jean Vercken et Nikola Krminac. Avant le début de spectacle, une dégustation de vin de producteurs. Humm, du bon vin gratuit, c’est ça la France que nous aimons tous !

–         Je me rends sur place et je découvre un ancien centre de distribution d’électricité EDF du début de siècle. À l’intérieur, de grands espaces, style industriel avec des plafonds très hauts. La salle principale est coupée en deux parties par un rideau noir. Je ne me suis pas gênée pour jeter un coup d’oeil derrière le rideau. Et là, une cinquantaine de sièges et une scène fabriquée pour l’occasion. Le spectacle va bientôt commencer…

–         Le lieu se remplit progressivement. En parlant avec les gens je me rends compte que le public est assez ciblé : des amis de l’association, des amis des acteurs, et, surtout, des gens du milieux artistique. Comme dans la plupart des lieux d’art contemporain, ceux-ci essayent de revendiquer une ouverture pour tous mais restent tout de même assez renfermés.

–         Je fais partie des 10 pour cent des gens qui ne connaissent pas le lieu et sont venus ici par curiosité. Je prends un verre de vin du bar improvisé et je sors dehors pour échanger avec les gens. Peu après, je vois la moitié du public, voir plus, sortir dehors et partir. Les portes de La Générale se ferment. Qu’est-ce qui se passe ?

–         Toc, toc, toc. Une femme ouvre la porte. – Est-ce que je peux rentrer ? – Non ! Le spectacle vient de commencer. – Très bien, je suis venue spécialement pour le voir. – Oui mais, il fallait s’inscrire sur la liste. Il n’y a plus de places ! – Quelle liste ? Ce n’était pas mentionné ni sur votre site, ni dedans. Entrée libre, vous avez dit. – Je suis désolée… Les portes se ferment devant mon nez.

–         Quelle déception. Je pars à l’instant, je ne veux pas perdre mon temps à poser des questions aux gens qui n’ont pas l’envie de me répondre. Pourtant, ma tête est remplie d’interrogations. Que s’est-il donc passé avec les squats d’aujourd’hui ?

–         Qu’est-ce que c’est un squat ? Un lieu ouvert à tous pour venir créer et échanger, non ? Qu’est-ce que c’est La Générale – un squat, une galerie, encore un lieu d’art institutionnel ? Est-ce qu’ils restent à Paris des squats artistiques dans le sens propre du terme ? Est-ce qu’il y a encore liberté de création et d’échange dès l’instant qu’un lieu dépend, d’une manière ou d’une autre, à la ville ?

–         Je ne doute pas de la bonne volonté des organisateurs de cet événement. J’hésite, pourtant, à croire à l’authenticité des squats d’aujourd’hui et m’interroge sur leur avenir. Peuvent-ils revendiquer cette liberté que certains d’entre nous ont vécue au début des squats dans les années 1980 ? Je continue ma recherche, en espérant trouver le lieu qui offre la liberté absolue d’expression et l’accès ouvert à tous. Bon courage !

Par Marta Pushevska

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