Blanc pour esthétique – Jeune créatrice Hsing-Chun, Shih

Née en 1986 en Arabie Saoudite, d’origine Taïwanaise, Hsing-Chun, Shih a grandi dans son pays, Taïwan, jusqu’en 2009. Aujourd’hui elle vit et travaille à Venise, en Italie. Dans un contexte multiculturel, ses œuvres prennent source en divers points.

Son parcours artistique est classique. Après le lycée, option arts plastiques, elle axe ses études sur ce qui la passionne, elle se dirige alors logiquement vers une formation en arts plastiques. Ensuite, elle continue son cursus à l’Université d’Education Nationale de Taïpei à Taïwan, en formation art et design. Pour trouver la création tant recherchée et le cadre idéal pour pouvoir vivre de la peinture, en 2009, elle décide de partir pour aller en Italie. La ville murement choisie, Venise, c’est ici qu’elle approfondira sa pratique de création artistique. En 2013, elle obtient son diplôme de l’Académie des Beaux-arts de Venise en master arts plastiques et cherche à faire émerger son art. Le changement d’environnement, de langue, du pays, de la culture etc. la pousse à créer son propre langage visuel, qu’elle transposera dans ses peintures.

En parallèle à ses études et recherches, elle profite de la richesse et du dynamisme de la culture artistique en Italie pour participer à différents concours. Occasions importantes pour se montrer au public, particulier ou professionnel, Hsing-Chun expose ses œuvres. Ainsi, en 2011 elle accroche ses toiles dans l’exposition collective « Genius Loci » à l’espace culturel Magazzinodel Sale 3. L’année suivante, elle saisit trois fois l’occasion de montrer ses œuvres et participe à l’exposition collective « Dimora dello Spirito », ING DIRECT à Matre-Venezia en Italie, à l’exposition collective « 96 ma Collectiva Artiste & Borsisti della 95 ma collettiva », à la galerie Belvilacqua La Masa à la Piazza San Marco (Place San Marco) à Venise et aussi à l’exposition collective « Premio Mariana di Ravenna, 56ème édition » à la Galerie FaroArte à Marina di Ravenna. Pour une jeune créatrice, l’exposition est une excellente manière, d’être reconnue dans le monde de l’art, surtout lorsque nous sommes dans un pays étranger. Hsing-Chun sait que le travail sera long et que tout le monde n’arrive pas à percer dans la profession. Néanmoins, pour être un artiste reconnu, les expositions paraissent être un passage obligé pour ceux qui sont prêts à saisir et à provoquer leur chance.

Un des avantages à étudier à l’étranger est le voyage, le dépaysement, les nouvelles rencontres, bref en général l’enrichissement personnel. Pendant le temps où Hsing-Chun faisait son master en Italie, elle fit beaucoup de voyages à l’intérieur même de ce pays. Ces expériences, les diverses sensations et tout ce qu’elle a pu découvrir et apprécier ont fait partie des nombreux éléments qui ont forgé les idées de sa création. Bien sûr, nous ne pouvons pas mettre de côté le musée, qui a sa part dans l’influence de sa création. Notamment du fait que la visite des musées est importante pour elle, toujours en quête d’inspiration. La part des musées des Beaux-arts, d’arts et d’histoire ou encore d’art contemporain, est grande mais ce ne sont pas les seuls à intervenir et à agir auprès des artistes comme Hsing-Chun. En effet, elle ne se limite pas à ses musées qui montrent des sculptures et des peintures mais va visiter des expositions qui ont pour thème l’architecture, les bijoux, le dessin etc. Tous les autres domaines artistiques sont également importants pour nourrir sa création. Avec la sensation et une observation sensible, Hsing-Chun crée son propre langage visuel et tente de le montrer dans ses œuvres. Parfois, l’idée de la création vient de son expérience personnelle.

Son sujet principal de création est le « blanc ». Dans l’art extrême-oriental, le ‘‘blanc’’ existe depuis longtemps. Mlle Shih l’a ressenti et l’a retrouvé par hasard dans une exposition de Gianfranco Baruchello. Au début, elle s’intéresse au blanc dans l’image et elle continue à rechercher et à étudier la résonance et l’intérêt du blanc dans l’expression de ses œuvres. Elle a redécouvert l’esprit du ‘‘blanc’’ dans la peinture extrême-orientale et s’en inspire. Le passage où, à ses débuts, l’artiste comblait le blanc dans l’image, à aujourd’hui où elle joue de la création avec le blanc, montre le changement et l’évolution de l’artiste. Le ‘‘blanc’’ signifie également la simplification. Chaque trait, chaque composition de la peinture représente l’activité de l’âme de l’auteur. Pour elle, la création est totalement l’expression de sa propre émotion. Au début, elle avait des doutes parce qu’elle ne savait pas comment transmettre au public cette émotion à travers la peinture et elle ne savait pas non plus si le public la recevrait. Hsing-Chun crée ces peintures pour elle-même, en exprimant ce qu’elle a au fond d’elle, ne cherchant que la vérité, elle ne force personne à comprendre ses œuvres. D’ailleurs elle ne s’exprime pas avec l’écriture pour expliquer, mais uniquement avec le pinceau et d’autres matières, elle ne souhaite pas que les gens comprennent, elle souhaite que les gens ressentent. Beaucoup de monde pense que expliquer la création est en quelque sorte un soulagement, toutefois, ce n’est pas le cas dans son exemple. Pour elle, la création est une expérience personnelle, elle montre un souvenir ; un moyen de se soulager ou de se libérer d’une douleur.

2012, 80*80 cm, collage and mixed technique on canvas. Hsing-Chun, Shih

2012, 80*80 cm, collage et techniques mixtes sur toile. Hsing-Chun, Shih

 

Depuis 2012, la première série d’œuvres 23.004540.120.760345 montre à travers les images et les lignes une certaine expérience de la vie. Deux peintures sont nommées exactement par le même titre. L’une des peintures est composée essentiellement avec les couleurs gris, vert, bleu. Ces couleurs proches les unes des autres en trois endroits distincts sur la toile, se perdent sur un fond très clair. L’image nous montre des nuances de couleurs douces. Le tableau semble représenter de manière abstraite un paysage de montagne. La partie en gris nous rappelle le minéral, la pierre, les roches d’une montagne, la technique de la peinture à l’encre de chine est ici utilisée. Le côté vert représenterait la flore, quant à la couleur bleue, elle nous laisserait penser à un lac ou de la rivière. Lorsque nous regardons de plus près, nous pouvons découvrir des courbes de niveau pareil à celles représentées sur une carte précisant l’altitude. Puis, nous pouvons y trouver quelques collages.

2012, 50*50 cm, collage and mixed technique on canvas. Hsing-Chun, Shih.

2012, 50*50 cm, collage and mixed technique on canvas. Hsing-Chun, Shih.

L’autre peinture est composée de bleu, jaune, gris et blanc. Quelques collages sont également présents, un peu de lavis et de dessins composent l’image. Le même élément notable dans cette série est la courbe de niveau qui indique la montagne. Ce ne sont pas des peintures figuratives, tous ces éléments combinés ensemble nous permettent de penser à une scène de montagne. La couleur est veloutée, légère, d’un pastel calme, l’image est agréable. Nous pouvons laisser toute notre imagination sur cette peinture, la réponse correcte n’existe pas, ce qui est sûr c’est la sérénité qui semble en émaner. Néanmoins, ces chiffres en guise de titre signifient quelque chose de très précis, en opposition avec la composition. Il s’agit de coordonnées qui désignent le lieu où la mère de l’artiste a eu un accident dans la montagne qui lui couta la vie. Le tableau montre la relation entre le collage et la personnalité du peintre. Aucune nuance de tristesse ne figure sur la toile, nous ne voyons pas du tout qu’une histoire douloureuse est cachée derrière ces peintures. Le blanc qui domine et l’apparent calme qui se dégage de ces toiles nous laissent penser, en ayant connaissance de la signification du titre, à un certain souhait de paix et de repos pour son parent.

2013, 28.5*28.5 cm, acrylic on canvas. Hsing-Chun, Shih.

2013, 28.5*28.5 cm, acrylic on canvas. Hsing-Chun, Shih.

La série City est un prolongement de la dernière série 23.004540.120.760345. L’intérêt est porté à une recherche sur le champ visuel, avec la représentation d’une vue en plongée. L’artiste continue de temps en temps à travailler sur ce sujet. Pareillement aux œuvres précédentes, la partie en couleur blanc cassé et pastel est omniprésente. Les autres couleurs ne sont pas vraiment variées et elles sont plutôt comme une nuance, mais elles sont coordonnées. La présence du bleu est toute fois plus marquée, peut-être en rapport avec Venise qui a les pieds dans l’eau. Les techniques sont une nouvelle fois diverses, et cela donne un résultat visuel un peu opaque et aussi un peu de lavis. L’image de ces deux peintures représentées en contre plongée nous rappelle la vue que nous avons quand nous regardons par la fenêtre d’un avion. A l’approche de la terre, nous pouvons encore voir un peu de nuages, c’est un peu clair, un peu flou. Toutes les choses deviennent petites : arbres, voitures, ponts, routes etc. Lorsque nous sommes loin, nous nous apercevons à quel point nous sommes petits dans le monde.

2013, 60*60 cm, acrylic on canvas. Hsing-Chun, Shih

2013, 60*60 cm, acrylic on canvas. Hsing-Chun, Shih

Une autre peinture Solitude garde certains éléments vus dans les œuvres précédentes, elle est aussi un prolongement de la série 23.004540.120.760345. Cette fois, seulement deux couleurs prédominent sur cette toile, nous retrouvons le bleu et l’incontournable blanc. A noter toutefois la présence de vert qui arrive à se dévoiler ou de son mélange avec la partie bleue. Le public en admirant l’œuvre se trouve face à une vue en plongée sur ce qui semble être des nuages enveloppant trois sommets de montagnes. Ces trois sommets sont séparés par ce grand et épais manteau blanc qui semble figé, ils sont seuls et chacun à leur place. Est-ce que cela est une description du sentiment de l’auteur lorsqu’elle vit et étudie à l’étranger ? Que représentent ces trois montagnes ? Le titre de l’œuvre est ici un indice, mais même avec lui, l’interprétation de l’auteur reste floue. Est-ce les montagnes qui sont en pleine solitude ou l’être bien-aimé parti dans les cieux ?

Dans les œuvres de Hsing-Chun, Shih, nous pouvons trouver certains caractères en commun : lavis, couleur douce et coordonnées, et une partie importante dédié au blanc, aux tons très clairs. Si nous observons bien précisément, nous pouvons voir dans ses peintures la trace de l’art de l’Extrême-Orient. Cela est le fruit de ses expériences multiculturelles car elle trouve ses racines en Asie, à Taïwan, mais est profondément touchée par l’Europe latine. Cela est un avantage et/ou un inconvénient, cela dépend du goût personnel de chacun. En ce qui la concerne, « si le public est content ou s’il est bien lorsqu’il regarde l’œuvre, cela est suffisant. » L’important est que le public saisisse l’œuvre et ses émotions en la regardant. Pour elle, le langage ou l’écrit est seulement un outil de communication. Il provoque souvent un malentendu à cause du manque de mots, d’une expérience différente entre l’un et l’autre. C’est pour ces raisons que pour l’auteur, le moyen le plus direct se trouve être entre l’image et le public. Le sentiment franchit tout.

Elle insiste et suit son sujet de création autour du blanc et continue à réfléchir et à rechercher comme un poète à la recherche de sa muse. Pour cela Hsing-Chun, Shih continue de préserver son rêve, même si ce chemin n’est pas facile et qu’elle reste réaliste « Pouvoir peindre est une chose heureuse, je saisirai le temps où je pourrais le faire. »

Chia-Ying

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