Pixar, 25 ans d’animation.

Exposition faisant suite à l’inauguration au MoMA de New York en 2006 : Pixar, 20 Years of Animation.

Pixar, 25 ans d’animation représente la première des expositions temporaires d’Art Ludique Le Musée.

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« … et toi ? Tu as vu lesquels ? Toy Story, Là-haut, 1001 pattes ? Le monde de Némo ? »

La plongée dans l’univers enchanté des films d’animation est immédiate. L’espace présente une scénographie intelligemment conçue pour les publics auxquels elle s’adresse. La visibilité des objets exposés est à hauteur des petits et des grands. Les enfants peuvent ainsi s’émerveiller devant leurs personnages préférés.

On peut y apprécier une large palette du travail et des idées investies dans la créations de ces films. Certaines des productions n’auraient pas pu être vues autrement que par cette initiative. La qualité plastique des productions est remarquable. Alliant arts traditionnel et numérique, on pouvait y apprécier des compositions au pastel, au fusain, du collage, de la peinture numérique, et des animations 3D, par exemple. Les formats variaient des plus petits, épurés et minutieux, aux panoramas captivants. On avait tantôt un original, tantôt une superbe copie imprimée sur plaque en aluminium. Sous certaines d’entre elles, que l’on peut reconnaitre sans être un expert, on lisait avec surprise le matériau de l’original. Malgré le peu de médiation dans l’ensemble de l’exposition, la première salle, à but pédagogique, donne assez de clés pour comprendre que ce qui importe ici c’est de se laisser prendre par la magie des récits, des personnages et de leurs univers.

La présentation des modelages comme des sculptures sous vitrines, les cartels sous les œuvres, l’éclairage ciblé, sont autant de signes d’un choix curatorial conventionnel qui induirait que les travaux présentés sont à considérer comme des œuvres d’art et les auteurs des « artistes ». Deux installations produites spécialement pour l’exposition : le montage vidéo Artscape, et Zootrop Toy Story, inspiré d’une technique remontant au 19ème siècle réalisée pour la première fois en 3D au célèbre studio japonais Ghilbi, montre aux spectateurs comment l’animation fonctionne. Les deux résonnent comme des commandes artistiques.

L’union du domaine artistique à celui du divertissement pose les questions suivantes : comment exposer ce qui constitue un film ? Comment présenter des travaux de recherche ?

Il semblerait que le parti pris du commissaire, Elyse Klaidman, ait été d’exposer les documents comme des objets précieux. En effet, en dehors du fait de pouvoir s’informer des diverses apparences qu’a pu avoir tel ou tel personnage avant le choix définitif, il était très peu question de « l’atelier » ou des coulisses de production, et (voir même) des « ratés ». Le musée L’Art Ludique se prend très au sérieux.

Au cas où le public n’en serait pas convaincu, plusieurs citations mettent l’accent sur la considération à apporter à la quantité et à la qualité du travail fourni par les créateurs du studio Pixar. S’agirait-il d’un manque sous-jacent de reconnaissance de la part des acteurs de cette exposition ? Sonnant finalement comme une exposition paradoxale d’une culture populaire peu considérée pour ses forces spécifiques, cherchant plutôt un supplément d’âme.

Avoir l’ambition de s’imposer « comme une passerelle entre le grand public et l’art contemporain » (comme on peut le lire dans la note d’intention sur le site du musée), de démocratiser le musée en y exposant ce qui n’est pas considéré comme des œuvres, est une stratégie de médiation considérable, à condition que le « populaire » reste convoqué avec toute la consistance qui le compose. Autrement dit, s’il avait suffi de présenter l’œuvre de Parreno sur Zidane pour attirer plus de joueurs de football des cités au Palais de Tokyo les mois derniers, ça se serait su ! La force indiscutable des cultures populaires c’est notamment, que cette sphère n’appartient pas aux normalisations muséales. Pourquoi lui imposer les codes du musée ? Pourquoi ne pas faire entrer le visiteur dans un gigantesque atelier ? Nous raconter une histoire !

On peut constater, dans la présentation sur le site web du musée, une forte volonté de faire date en révélant « ce courant artistique émergent (…) créé par Art ludique », comme le dit Pierre Cornette de Saint-Cyr dans une vidéo tournée pour l’occasion. De quel courant s’agit-il ? Ici réside le mystère… à vous de le décrypter !

Irina Guimbretière.

 

Pixar, 25 ans d’animation,

Du 16 novembre 2013 au 2 mars 2014.

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