Critique d’un artiste bédéiste : Berthet One

« L’art sauvera le monde »

 Fiodor Dostoïevski

Photo prise à la fnac de Clermont Ferrand.  Photo de Franck Boileau

Berthet One : FNAC de Clermont Ferrand.
Photo de Franck Boileau

Berthet One, est un ancien détenu, qui est aujourd’hui devenu un dessinateur reconnu dans le monde de la bande dessinée grâce à Evasion où il retrace de façon caricaturale des moments de vie en détention. Ayant pour référence depuis son plus jeune âge Cabu, Fluide Glacial ou encore le Canard enchaîné, Berthet One dénonce avec humour dans Evasion et dans Abigaelle (sa prochaine BD) les préjugés que l’on peut avoir sur les milieux tels que celui de la détention ou de la cité. Il s’agit d’un jeune homme habitant la Seine Saint Denis, qui par le passé a commis des erreurs l’amenant à séjourner durant quelques temps en milieu carcéral. Décidant de vouloir en sortir au plus vite, et de ne jamais y retourner, il se met à étudier. Il passe son baccalauréat, puis son BTS, et se remet à dessiner quand il se retrouve dans sa cellule. Tout d’abord, seuls ses compagnons de détention en profitent, puis un jour, un gardien aimant le dessin, remarque son travail, et lui propose de l’inscrire aux cours de dessin mit en place durant leur heure de loisir.

Ceci lui permit de participer au concours « Talents Cachés » (Il s’agit d’une association, qui avec la Direction Régionale des Services Pénitentiaires de Paris, décide de mettre en place, depuis maintenant dix ans, un concours où les œuvres réalisées par des détenus dans les ateliers des établissements pénitentiaires : Arts plastiques, écriture, photos, vidéos, etc., sont exposées dans des lieux visibles par le public extérieur). Il remporta la première édition. Toutes ses œuvres exposées ont été vendues, et il dû même en ressortir d’autres de sa cellule pour combler les attentes de son nouveau public.

Article publié dans le Canard Enchainé

Article publié dans le Canard Enchainé

Malgré ce succès, Berthet One, ne se considère toujours pas comme un véritable artiste, c’est pour cela que lorsqu’on lui propose, en 2009 de participer à un autre concours : « Transmurailles » (1ère édition : il s’agit d’un concours organisé en marge du Festival International de la BD à Angoulême, ayant pour but de récompenser une bande dessinée réalisée par un détenu dans une prison française), il n’accepte pas tout de suite. Mais c’est sans compter sur ses amis détenus qui l’encouragent  à le faire, suivi de certains gardiens de prison. A ce moment-là, notre artiste comprend que son art plait à deux mondes différents, et qu’il y a donc quelque chose d’intéressant à faire à partir de cela. Il participe, alors, à ce concours et le gagne aussi.

Ainsi, les planches présentées durant ce concours, sont sorties en bande dessinée, un an après sa sortie de prison, sous le nom d’Evasion. Il est évident pour lui que les actions culturelles menées en milieu carcéral sont des activités ayant un sens pour les détenus.

Le voici donc de nouveau libre. Alors que celui-ci ne pense qu’à profiter durant quelques temps de sa toute nouvelle liberté, une amie à lui n’a qu’une idée en tête le convaincre d’exposer ses œuvres dans une nouvelle galerie, qui vient tout juste d’ouvrir à Paris : Wild Stylerz Gallery (Galerie orientée vers l’art urbain). Berthet One, restant assez réticent à cette idée, s’y rend quand même, grâce au subterfuge de son amie. Il apprend à connaitre un peu le galeriste, hésite longtemps à lui dire qui il est, et ce qu’il fait mais finit par s’y résoudre, toujours poussé par son amie.

Le galeriste ravi et enthousiasmé par son histoire, veut absolument lui consacrer une exposition. Il lui demande d’amener du monde le jour de son vernissage. Berthet One, appelle son avocate et son manager, et leur dit de ramener le plus de monde possible comme des journalistes, des avocats, et autres, pendant que lui, s’occupera du monde de « la rue ». Il décide ainsi, de mélanger différents univers durant ce vernissage. On y voit des artistes, des jeunes de banlieue, des amis, mais aussi des enfants avec qui il a pu travailler, pour leur montrer que malgré toutes les embuches que l’on peut trouver sur son chemin, on peut y arriver, qu’il faut savoir faire une force de ses faiblesses. Son but était de montrer que l’art est fait pour tous, et que l’on peut s’en sortir même après avoir commis des erreurs. Cette exposition a eu un énorme succès durant un mois.

http://bdmaniac.fr/actus-bd/exposition-berthet-one-galerie-1161

Exposition à la Galerie 1161
53 Quai des Grands Augustins
75006 Paris
En 2011

Depuis, sa sortie, il n’a pas seulement réalisé cette exposition, il a fait bien plus que ça. Berthet One s’implique beaucoup pour améliorer le quotidien d’autres personnes. Pour cela, il effectue des interventions dans des écoles, ou encore dans des prisons dans le but de présenter et d’expliquer son travail, tout en insistant sur le fait que l’on peut toujours réaliser ses rêves malgré quelques dérapages. Il essaye de leur apporter ce qu’il n’a pas eu la chance d’avoir étant enfant. Une personne extérieure qui lui permet de comprendre qu’il vaut plus que ce qu’il croit. Ainsi, il eut l’idée de créer l’association Makadam qui a pour objectif de faire de la prévention, de la réinsertion via l’art, et d’adresser des messages aux jeunes en provoquant des rencontres avec des personnes qui peuvent les faire réagir. Pour cela, il s’aide de son réseau d’artistes (Les lascars, et autres).

En 2012, Berthet One a de nouveau participé au concours « Trans-Muraille » mais cette fois-ci en tant que jury. Alors qu’il ne voulait pas y participer quand on lui proposa de devenir membre du jury, il le prit comme un compliment car pour lui, ceci voulait dire qu’il était devenu un professionnel de la BD, et que son travail était reconnu dans ce milieu. En tant que jury, il pense avoir été le plus dur d’entre tous.

Aujourd’hui, il a d’autres projets artistiques comme la sortie de son deuxième album Abigaelle et l’adaptation de sa BD, au cinéma, avec l’aide des «Lascars » ; de futures expositions, la participation au festival d’Angoulême de février où il sera le portrait mis en avant par « 66Minutes », une résidence d’artistes aux bibliothèques de sa région afin de montrer le monde de la BD au plus jeune.

Pour conclure, Berthet One est aujourd’hui un artiste accompli et engagé dont le but est de continuer à progresser dans son monde et de surtout permettre aux plus jeunes, ainsi qu’aux personnes ayant fait des erreurs de comprendre qu’il est toujours possible d’avoir une deuxième chance.

Audrey Lepage

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