Scènes Roumaines

vues par Ève Marion

L‘exposition « Scènes Roumaines » se déroule actuellement à l’Espace culturel Louis Vuitton, du 11 octobre 2013 au 12 janvier 2014. Elle fait suite au cycle d’expositions débuté en 2006, à l’ouverture de l’Espace culturel Louis Vuitton et nous fait découvrir la scène artistique contemporaine de pays étrangers.

Le visiteur est, cette fois-ci, transporté en Roumanie, à Bucarest et à Cluj, grâce aux artistes présentés. Issus des pays de l’Est, ils expriment leurs angoisses face à l’autorité de cette dictature passée, par le biais d’images et de la peinture.

Comment mettre en scène un tel sujet ? Et pourquoi avoir choisi un seul et même médium ?

À ces questions, Hervé Mikaeloff, commissaire de l’exposition, répond que ce choix du médium unique n’est pas un parti pris, mais « plutôt un constat de ce qui nous a paru représenter la scène roumaine aujourd’hui ».

Or, son propos s’oppose fortement à celui de Mihai Pop, Fondateur et Directeur de la Galerie Plan B à Cluj et à Berlin, qui lui répond lors de l‘entretien croisé que « la peinture n’est pas le médium artistique le plus utilisé par la scène roumaine actuelle, elle l’était avant 1989, ce qui a entrainé son rejet dans les années 90 ».

Le spectateur peut davantage s’attendre à voir pour ce sujet, des photographies documentaires, de la vidéo ou encore des installations servant de témoignages à la répression. Mais c’est seulement à la fin de l’exposition, avec les deux films de Ion Grigorescu et ses photographies/ peintures grands formats que nous retrouvons cela.

Néanmoins, de nombreux artistes peignent ici en s’inspirant du médium photographique ou cinématographique. Serban Savu peint ses tableaux colorés tel un voyeur, depuis son atelier, en photographiant auparavant ses voisins jour après jour. Les personnages et les scènes se mêlent finalement dans un seul et même espace, celui du tableau. Sergiu Toma peint également d’après des photographies, où se mélangent souvenirs rêvés et coutumes passées.

Oana Farcas, seule femme parmi les jeunes artistes peintre de Cluj, essaye de transmettre dans ses toiles, l’émotion qu’elle ressent face à un film ou une photographie. Pour cela, l’artiste travaille le flou, l’ombre et la lumière.

L’Espace culturel Louis Vuitton propose un accrochage simple, où les toiles se succèdent les unes à la suite des autres, mêlant la mort, le mystère, le voyeurisme et les traditions.  Les tableaux fantomatiques et énigmatiques en noir et blanc de Mircea Suciu côtoient ceux de Bogdan Vladuta. Les dimensions imposantes de la toile, « Black city », plongent le spectateur dans une ville chaotique où le paysage urbain est plongé dans l’obscurité la plus totale. Les couches épaisses de la peinture noire qui se superposent, intensifient le sentiment d’oppression que l’on peut ressentir face au travail de l’artiste, qui dégage quelque chose de fort, et de troublant en même temps.

Le fait de mélanger, au sein de Scènes Roumaines, des artistes de différentes générations, où les jeunes talents émergents se mêlent aux « artistes avant-gardes plus anciens » (propos d’Hervé Mikaeloff dans le catalogue d‘exposition), casse la dynamique de l’exposition. Un petit espace clos est dédié aux toiles grands formats de Ioana Bratanu, ce qui est très oppressant et déroutant dans la visite.

Le travail plastique de l’artiste dénote fortement avec le reste de ce qui nous est présenté, tant par la technique que par l’immensité du format, bien que ces toiles apportent un aspect historique.

« C’est grâce aux jeunes artistes que le monde a accès aux artistes anciens moins connus, cachés par le communisme » répond Rodica Seward, Présidente de la maison de vente Tajan, lors de son entretien avec Hervé Mikaeloff.

Ainsi, Scènes Roumaines diffuse des œuvres peu connues, en élargissant leur visibilité auprès d’un public varié. Pour cela, divers ateliers de création ont été mis en place autour de l’exposition, parcours dansés, créations plastiques, pour les petits et les grands, afin de leur faire découvrir une culture à travers l’art  contemporain de ce pays.

Ève Marion

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