Chapitre 2 - Corps et Eléments

Devenir

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Da-yeon Lee

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L’altération du visage

Le travail photographique de l’artiste Da-yeon Lee porte principalement sur l’altération du visage humain. Son projet actuel est une étude plastique du visage dans le processus de la déformation en repoussant à chaque fois les limites physiques.

Afin de masquer la peau, elle utilise volontairement de la peinture corporelle ou de l’argile. Dans l’emploi de l’argile, il y a une référence historique et ethnologique indéniable à la société préhistorique. Le déguisement, à l’aide de ce type de matériaux, avait pour but de marquer une appartenance à une tribu ou d’intimider son adversaire lors des confrontations.

L’intégration de ces matériaux, dans le contexte culturel contemporain, apporte-t-elle une justification réelle à sa recherche plastique qui consiste à intervenir sur son propre corps ?

A travers ces manipulations répétées afin d’obtenir un visage altéré, déformé, on se rend à l’évidence d’une chose : il n’existe pas de parfaite simulation. L’artiste construit plutôt un aspect éphémère et réversible grâce à l’application de ces matériaux primitifs. Par cette pratique d'intervenir sur le corps même, on peut trouver des points communs avec les travaux d'artistes de l’art charnel tels que ceux d’Orlan, et d’autres employant le tatouage, qui agissent directement sur le corps dans le but d’élaborer un langage corporel. Pourtant, sa qualité réversible distingue son œuvre de ces artistes qui interviennent directement sur leur corps, ce qui engendre un état permanent de modifications.

On peut facilement reconnaître le trucage qui, une fois utilisé pour la prise de vue, s’enlève de la peau. Le déguisement dans la série utilisant l'argile, en particulier, se montre volontairement inachevé et imparfait.

Son corps devient le matériel principal pour ses processus de création et le terrain où elle exploite les diverses possibilités de représentation plastique. L’intérêt principal de son travail est dans son mode opératoire où elle se positionne en tant que modèle, créant ainsi un échange de point de vue entre le spectateur et l’artiste. En effet, l’artiste, malgré la déformation faciale qu'elle s'applique, montre parfois son regard nu vers l’objectif de l’appareil photographique. Ce type d’approche voulu par l’artiste démontre un processus intéressant dans l’ambiguïté de regard entre l’observé et l’observateur. Même pour l’artiste, la confrontation avec ses propres images difformes est une expérience assez surprenante.

Le spectateur est dans l’impossibilité d’identifier la personne dans les images. Sa création photographique nous donne l’occasion d’interroger la véritable apparence humaine, tout en montrant plusieurs facettes du visage et au moyen de la mise en scène dans laquelle on se rend compte de la supercherie.

L’image de soi, dont on est conscient, est en perpétuelle mutation et renvoyée par les individus qui nous entourent. Ce qui signifie que la connaissance de soi n’est construite que sur une base instable, loin d'une valeur absolue, créant de la sorte un doute indéniable. Son travail photographique ne traite pas de la vérité d’une réalité mais réduit la réalité à une essence première. Nul doute que son œuvre ne décrit par la vérité d’une réalité, mais que sa vocation principale serait de manifester une envie ontologique de l’existence humaine.

Semin CHEON

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Portrait ou autoportrait ?

L’autoportrait est le portrait d'une personne fait par elle-même. Au contraire, dans le projet de LEE, il y a un changement sur le caractère de l’autoportrait. En effet, ses images photographiques sont le résultat d’une collaboration de l’artiste elle-même et son photographe.

Ici, si elle disait que ce sont des autoportraits, ce serait son idée conceptuelle qui compte plus que l’idée que l’artiste doit intervenir dans tout le long du processus afin de parvenir au résultat.

L’autoportrait peint est remplacée par le nouvel outil créatif, notamment par la photographie. L’autoportrait photographique, au début de la naissance de cette nouveau domaine, avait pour but de reproduire le plus fidèlement possible son sujet qui compte, cela a suivi la notion de l’autoportrait dans la peinture traditionnelle, voire a détrôné le statut de la peinture dans la mesure de la ressemblance. C’est-à-dire qu’il devait y avoir la valeur indicielle.

Mais, le fait qu’elle imite le visage des personnes qui ont eu l’accident horrible sur son visage ou une maladie génétique veut dire que ses autoportraits donnent l’ouverture plus large dans la mesure où on peut imaginer « le portrait des autres » ou « notre passé » et « notre futur ».

« Imiter et devenir l’autre » pour l’artiste est à la fois une source créative et un moyen de fuir de son image qui est peut-être fausse.

Face aux images que LEE propose à travers de ses séries photographiques, nous nous retrouvons sur une idée qui s’appuie sur l’indifférence pour la frontière entre soi-même et l’autre et le sujet qui pense et l’objet, par l’ambigüité dans la définition du portrait et de l’autoportrait.

Hang ki Min

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La délicatesse de l'éphémèreVertébralité de l'objet
Le trait de la mémoireDevenir
L’Empreinte de l'eauLe « sens » de l’Homme
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Le DragonUtopique — la nature au bâtiment
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