Paysage en transition

L’architecture L’îlot 8 Basilique est réalisé par Renée Gailhoustet et mêle la nature et l’habitat de l’homme, qui relève d'un modèle d'organisation sociale idéal et visionnaire. Les photographies de Cindy Theodore, Utopique — la nature au bâtiment, nous rappellent de toute évidence une manière de regard différente; sur ce point-là, le caractère de la construction était considéré comme une voie de recherche par rapport à une habitation idéale, et on a besoin de se loger de manière plus naturelle. L’artiste observe de façon très précise: « J’ai tenté, à travers ces photographies, de placer la nature au centre du regard. Le format polaroïd les rend plus intimes. » Ces photographies, sont considérées comme le paysage de Saint-Denis et reflètent pour les spectateurs une manière naturelle de s’approcher ce territoire qui est toujours « en transition » comme chaque périphérie des grandes villes, puisque ce grand ensemble de la banlieue, a une mémoire collective, où se mêlent des souvenirs personnels qui la modifient et dans lequel on aperçoit une profonde envie utopique dans l’architecture L'îlot 8 Basilique.

Hsin-I Chuang

Une harmonie étrange

Le travail de photographie de Cindy nous fait découvrir une nouvelle image de la banlieue de Saint-Denis. Lors d’une recherche sur l’architecture, elle retrouve un quartier mêlant les architectures très modernes et des végétaux sauvages. Ici, nous ne savons plus si l’architecture est née de la forêt ou bien si la forêt est née de l’architecture. A travers ses photos, une harmonie étrange se met ainsi en scène.

La prise de vue se présente souvent dans la photographie comme le processus de la réflexion du photographe. Le chemin de la balade de Cindy se met également en évidence dans les photos prises, qui montrent grande variété de cadrage.

Finalement, elle a choisi de les présenter sous forme de polaroïd. C’est un choix esthétique ou bien une volonté de montrer le temps qui fuit dans la conscience.

Hui Li

La condition du paysage

Aujourd’hui, il y a pas mal de photographes ou d’artistes qui travaillent sur le thème de l'espace. Candida Hofer, Andrea Gursky et Thomas Struth en sont de bons exemples. La photographie pour eux a d’un côté, une fonction documentaire d’un lieu qu'ils montrent en tant que tel et d’un autre côté, une fonction d'art.

Les séries de photo de Cindy nous montrent bien la perception d’un lieu englobant. Cela donne l'impression d’un espace architectural, artificiel mais en même temps naturel. C’est un espace familier qui se trouve facilement à côté de nous, mais, à la fois, un lieu étrange. Il mélange en même temps l’espace urbain, l’espace quotidien et l’espace naturel. Les travaux de Cindy ouvrent une réflexion sur l'espace qui nous entoure comme une condition de notre vie.

Son Seon Kyung

L'espace interstitiel

Dans des espaces exigus ou surchargés, y aurait-il un coin utopique ? Pourrions-nous découvrir la nature dans une architecture moderne ? Au détour des photographies au format polaroïd, le parcours dans la ville est transmis ou relaté. Cindy Theodore nous fait découvrir les quartiers de prédilection des oniromanciens, débarrassés de ses connotations, l'image deviendrait radicalement innocente. À l'issue d'une promenade de ces photographies, on quitte le chemin pour pénétrer de plus en plus profondément dans la forêt. Cette sollicitation intime qui conditionne le paysage urbain était déjà implicite dans la promenade profonde. Cette ouverture du réel photographié selon un processus intuitif nʼest ni géométrique ni organique. Afin de conduire les spectateurs à se trouver dans un espace de type interstitiel, elle se situe dans un intervalle entre catégorie culturelle et catégorie naturelle. Ses photographies conjuguent la nature et l'architecture, lʼutopie narrative et lʼhabitat de lʼhomme, lʼesprit dʼenfance et lʼactualité quotidienne, la poétique de l'espace et la subtilité de l'image.

Yu-Ta Lin