Demakes, un pixel art entre jeu 2.0 et retro gaming.

Aujourd’hui le Pixel art est à la mode, grâce aux plateformes de discussion du style Habbo Hotel, aux icônes vintages du jeu vidéo qu’ on retrouve sur les vêtements, ou encore grâce à des artistes comme Gary Lucken, le collectif allemand Eboy ou le game-designer anglais, Mat Annal. Mais il existe aussi une autre forme de Pixel art, celle qui réuni les jeux d’aujourd’hui aux graphismes toujours plus poussés et aux styles bien particulier, et les jeux faisant partie du rétro gaming.

Le Demake ou Demaking est un des phénomènes gaming les plus méconnus et pourtant les plus intéressants du web qui fait remonter dans le temps des blockbusters contemporains comme Gears of War ou GTA pour les confronter aux limitations de machines 8 a 16 bits. En gros le but de la démarche est simple, prendre un jeu récent et le remixer à  la sauce rétro.

Aux sources du Demaking on retrouve Cave Story de Nicalis. Un petit jeu plateformer aventure 2D sorti sur PC en 2004 et édité en freeware au japon sous le nom de Doukutsu Monogatari (prévu sur le WiiWare). Ce jeu est  bourré de clin d’oeil rétro et est articulé autour d’un gameplay ingénieux mélant Blaster Master, Megaman, Metroid, Castlevania ou encore Monster Mash.

Phil Fish, ex-Ubisoft, développeur indé canadien, tombe sous le charme de cette démarche old school et s’en inspire pour développer Fez, un plateformer qui se joue d’effets d’optique 2D et 3D en mode rétro (disponible sur PC et Xbox Live). Le terme de Demake apparait en 2007. Ayant un peu dérivé de l’idée d’origine, il se définit comme un remake d’un jeu actuel sur du Hardware old school. De fil en aiguille la scène des demakers enfle.

C’est en 2007 justement que la Game Boy (première du nom) accueille le mythique GoldenEye de la Nintendo 64, revisité en 2D par PerfectRun (www.perfectrun.net). Le jeu se présente comme un shooter en scrolling horizontale nerveux et peuplé de personnages déformés a l’extrême, il fut codé en 5  jours pas 4  membres de l’équipe.

Un an plus tard en 2008 sort une autre révélation et pas des moindres puisqu’il s’agit de Retro Raider, soit Tomb Raider revisité dans le graphisme hyper cubique de Pitfall façon Atari VCS 2600. Une démarche pas anodine puisque Pitfall et Lara Croft ont imposé à une quinzaine d’années d’intervalle les bases du jeu de plate-forme, respectivement en 2D et 3D.

Demakes, nouvel art plastique

Étant donné que tous les accros de demakes n’ont pas nécessairement les moyens de fédérer des équipes de développement autour d’un projet jouable, une autre volée de concours s’est organisée. Ralliés sous la bannière « Mockup Frenzy« , via les forums de pixeljoint.com et wayofthepixel.net, ceux-ci se concentrent sur l’esthétique et la trouvaille de codes graphiques originaux pour créer de fausses captures d’écrans. L’avantage vient surtout du fait que créer une fausse capture d’écran prend beaucoup moins de temps que de montrer un titre jouable. C’est ainsi que les versions jaunies en deux couleurs d’Okami, Bioshock, Another World ou encore Ico en on fait saliver plus d’un(e).
Bioshock version Game Boy.
Okami.
Ou encore Ico.

Porté par cette démarche plus esthétique que ludique, le demaking se libère également du cadre strict de la création numérique pour migrer vers les artworks de pochettes de jeux rétro. L’initiative Atari Modern Classic détourne ainsi des pochettes de jeux de l’Atari VCS 2600 pour faire renaitre des blockbusters dans le passé. Ainsi des jeux comme Bioshock, GTA IV, God Of War, Halo ou encore Dead Space trouvent un nouvel éclairage à la lumière d’une série de fausses boites de jeux émaillées de lignes claires, de vagues mots descriptifs et d’illustrations à la limite de l’art gaming.

Ici en mode NES.

(Cet article a été réalisé a 90% a l’aide de l’article « Le gameplay ascétique des demakes« , écrit par Michi-Hiro Tamaï parut dans le n°4 d’IG Magazine)