11 octobre 2018

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En seulement quelques années, Black Mirror est devenue l’une de ces séries de science-fiction à succès. Abordant les thèmes d’un avenir high-tech et mélangeant progrès scientifique et noirceur de l’instinct humain, cette série aux 6 Emmys Awards traite, sous formes d’histoires indépendantes, les conséquences des innovations sur une société contextualisée dans un futur plausible.

Charlie Brooker, le créateur de cette anthologie britannique explique l’intérêt de la série comme d’une zone entre joie et embarras, de par la référence aux écrans qui renvoient un reflet noir de notre personne.

« Le “miroir noir” du titre est celui que vous voyez sur chaque mur, sur chaque bureau et dans chaque main, un écran froid et brillant d’une télévision ou d’un smartphone. »

À l’origine, Charlie Brooker est un journaliste pour The Guardian. Puis en 2008, il créé et réalise la série Dead set qui met en scène une invasion de zombie au sein d’une télé-réalité, avant d’écrire Black Mirror en 2011.

Black Mirror s’inscrit parmi ces séries d’anticipation qui ouvrent au débat, forte de récits divers mais toujours en proie à l’addiction aux nouvelles technologie, dictée par un univers souvent dystopique.

Certains épisodes se veulent troublant de réalisme, notamment l’épisode 03 de la saison 1 (Retour sur image). Il raconte l’histoire d’un homme persuadé que sa compagne le trompe, celui-ci mène l’enquête à l’aide d’un dispositif d’enregistrement de sa mémoire visuelle qui lui fait perdre la raison. L’épisode marque le premier coup de génie de la série, autant dans sa réflexion que dans sa réalisation.

Black Mirror S1E3

On retrouve aussi l’épisode 02 de la saison 3 Playtest qui aborde le thèmes des jeux vidéos d’horreur, avec pour « console » une puce implantée dans le cou, révélant un monde similaire au réel basé sur l’amplification de nos peurs et nos phobies. Cet épisode est psychologique car l’interaction entre le cerveau et le jeu créé une forme d’adrénaline qui ira jusqu’à rendre fou le cobaye (cf : Personnage principal de l’épisode).

En conclusion, les différents épisodes de cette série révèlent tous de façon généralement réussie (voir très réussie) les dérives potentielles des écrans qui nous entourent. Ainsi chaque histoire se veut comme une mise en garde de l’avenir d’une société basée sur des prouesses technologique, parfois utilisée à des fins malveillante. Je conseil ainsi fortement Black mirror pour tout les potentiels fans de séries d’anticipations (même si tous les vrais fans connaissent déjà cette série de bout en bout), mais aussi pour les publics plus large, en quête de découverte d’une série profonde de réalisme et de fiction.

Trailer de la saison 3 : https://www.youtube.com/watch?v=jDiYGjp5iFg

Sources : – https://www.monde-diplomatique.fr/mav/154/HENNETON/57757
– https://www.letemps.ch/culture/black-mirror-serie-renvoie-effroyable-modernite
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Black_Mirror_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e)
– https://www.mirror.co.uk/tv/tv-news/blackmirror-thirdepisode-theentirehistoryofyou-12260563

La police : Refus du 4eme art

 

 

« Les forces de l’ordre nous poussent a courir des risques pour simplement danser sur de la techno »

14 septembre 2018.

14H00 : Le collectif « FC » Prépare la salle pour la soirée (Matériel son, visuel, bar, ect…)

20H00 : Premier contrôle de police sur le lieu, le collectif sort les contrats, assurances, location, statuts…

La police refuse toute discussion. Les organisateurs et bénévoles sont bloqués avec interdiction de rentrer.

Les autorités stoppent le montage technique.

Pendant ce temps des centaines de personnes venus de toute l’Ile de France se dirigent vers les lieux, pensant que les forces de l’ordre ne laisseront jamais autant de jeunes dans la rue la nuit sans transport en commun.

00H30 : J’arrive sur les lieux, il y a déjà du monde devant le barrage de police. Des cris, des chants pour nous laisser rentrer…

00H45 : Je parle avec un policier qui m’explique que le collectif n’a pas eu l’autorisation de la maire pour exploiter les lieux. (Les organisateurs prétendent le contraire.)

Il nous demande de rentrer chez nous, mais je préfère le rassurer en lui disant que la soirée aura bien lieux…

1H00: La police décide de sortir les boucliers et les casques.

1H05 : Jet de bouteille sur une voiture de police.

1H06 : Les matraques et gaz lacrymogènes sont sorties, les forces de l’ordre se dispersent afin d’embarquer quelques personnes.

1H10 : Des affrontements ont lieux entre les deux camps jusqu’a la fin, la soirée n’a donc pas eu lieu…

 

Les organisateurs ont publié une tribune dans le magazine TRAX :

(Copié – Collé de la tribune)

Trax publie ici une tribune rédigée par les membres du collectif POSSESSION François Peyroux, Mathilda Meerschart, Anne-Claire Gallet, ainsi que par Valentin Morize de RAW, Jakob Saulière de FC, et le DJ Lorenzo Lacchesi.

Si l’annulation de la dernière nuit d’Humacumba semble être d’origine structurelle – le lieu ayant été victime de son succès – il est en revanche étonnant de constater que la soirée CND x CNAP a dû changer de lieu au dernier moment, n’étant pas autorisée à se tenir dans les locaux-mêmes du CNAP. Quant aux deux nuits FC et POSSESSION x RAW, le scénario aura été le même : une arrivée surprise de la police quelques heures avant le coup d’envoi pour stopper le montage et faire cesser le travail des équipes concernées sans fournir la moindre explication, rien qui permette de comprendre ni même de dialoguer.

Depuis le début des années 2010, une nouvelle vague techno déferle sur l’Europe et la France – Dieu merci – n’y échappe pas. Il est aujourd’hui manifeste que Paris, depuis quelques années, a vu son dynamisme nocturne reprendre du galon et sa diversité, sa créativité dans la fête et les manières de faire la fête s’épanouir et se ramifier, s’étendre toujours plus, comme on est en droit de l’attendre de la part d’une capitale internationale, d’une ville qui se veut motrice, influente, désirable et qui affiche une ambition culturelle et avant-gardiste d’une envergure toujours plus grande. Dans tous ces domaines l’expansion de la techno a tenu une place prépondérante, ces dernières années. Elle a été et continue plus que jamais d’être au centre, au premier plan de l’innovation nocturne, scénique, artistique, dépassant les simples cadres du divertissement, pouvant s’exprimer d’une infinité de manières er dans une infinité de lieux.

Au lendemain de la célébration de la vingtième édition de la Techno Parade, dont la création fut d’après les mots de Jack Lang l’ « acte de fondation de la culture techno, […] ressenti pas seulement par les jeunes mais par toutes les générations », il ne semble donc pas superflu de rappeler que les événements que nous organisons, non contents de générer du désir et de la fidélité de la part d’un public, constituent avant toute chose une réponse aux attentes de celui-ci. Combien de dizaines de milliers sont-ils à avoir dansé à l’air libre, à s’être aimés à l’abri d’un hangar, à s’être à la fois éloignés et rapprochés d’eux-mêmes dans la pénombre d’une friche ? Combien de dizaines de milliers à s’être mélangés sous nos bannières ? De Paris, d’Île-de-France, du pays tout entier, d’Europe ou du monde, tous âges, corps, apparences, personnalités, désirs et questionnements confondus… Tous accueillis par nous.

Que penser lorsque les forces de l’ordre mettent les moyens qui sont les leurs au service du piétinement de ce que nous appelons liberté ? Que penser lorsque les forces de l’ordre sèment le désordre dans les esprits et poussent les plus téméraires à courir des risques pour avoir simplement le droit de faire la fête, d’écouter de la techno, de danser sur de la techno, de s’aimer sur de la techno, et d’envoyer valser les anxiolytiques que le monde normatif tente chaque jour de nous faire avaler ? Quand l’infantilisation de nos collectifs, la diabolisation de notre activité, sa stigmatisation toujours négative, culpabilisante, accusatrice de tous les maux cessera-t-elle pour de bon ? Arrivera-t-il enfin ce jour où nous pourrons mettre pleinement en œuvre notre volonté d’être des acteurs de la Cité et non des ennemis des pouvoirs publics ?

Au vide et à la désertion nous avons à cœur de répondre par la Vie et l’animation, nocturnes aussi bien que diurnes, nos velléités et compétences ne s’arrêtant pas aux seules soirées festives, loin de là ! Nous ne demandons qu’à réfléchir ensemble aux mille et une manières d’habiter et de redéfinir les espaces – urbains, périurbains, ruraux – qui à ce jour sont la proie de l’abandon et du néant. Il ne tient qu’aux pouvoirs publics de nous accorder un droit d’action, d’organisation et de peuplement de tels espaces (ERP) ; il ne tient qu’à eux de nous accorder un peu de confiance. Nous existons déjà et existerons toujours. Que l’on nous accorde les moyens d’ÊTRE.

La culture techno dont nous nous réclamons cherche à dialoguer, à ouvrir, à créer, sans relâche. À découvrir et donner à entendre – aux oreilles comme à l’entendement – autant d’acceptions, de redéfinitions et de réinventions perpétuelles de ce que faire la fête signifie. FAIRE la fête, à savoir s’amuser mais aussi imprimer son être à la fête, avoir un impact sur celle-ci, une action significative, de sorte que les barrières, frontières, empêchements, plafonds et cloisons invisibles qui se rencontrent et se vivent au quotidien aient bon espoir de disparaître, fût-ce de manière éphémère. Autrement dit : VIVRE.

Si l’été est aujourd’hui bel et bien fini, nous gardons tous à l’esprit que la fête, elle, est infinie.

 

TRAX Magazine