Peinture aller/retour,
exposition collective, vidéo, 2´51", Paris,
2007.
J’ai trouvé un autre avantage à l’appareil
photo numérique ; comparé au caméscope, il permet
une meilleure qualité d’image fixe. J’en profite
pour faire des animations à partir de celles-ci et crée
ainsi une unité avec les clips vidéo .
Le but de cette exposition étant de provoquer une résonance
entre peinture abstraite et figurative, j’ai remarqué un
tableau abstrait d’une facture moins mécanique que les
autres. Il me permet de faire une transition entre les deux. Transition
malheureusement absente dans l’exposition originale, au risque
de créer un sentiment d’opposition plutôt que de
résonance.
Pour accompagner l’ensemble de cette présentation, j’ai
choisi la musique électronique et acoustique de Riyoji Ikeda.
Un des morceaux de sa musique est composé de manière mécanique
avec du son purement électronique, froid et robotique, et me
fait penser aux mathématiques dont la géométrie
est le thème principal des tableaux abstraits présentés
dans cette exposition. À l’opposé, dans ma vidéo,
les tableaux figuratifs qui s’ensuivent après les abstraits
ont un thème plutôt sur la frustration de la guerre, le
terrorisme et la perte. Une froideur objective et inhumaine de la musique
qui s’accélère en rythme et en vitesse par la suite,
renvoie à une nécessité brusque et brutale pour
accompagner le choix de l’expression plastique, les touches naïves
et frustres, presque de l’art brut, reflète la brutalité
et l’absurdité de la guerre. Ainsi, j’ai tissé
le lien entre les différentes parties des tableaux et en même
temps, renforcé mon interprétation personnelle.
L’idéal est de posséder une collection de musiques
variées afin de toujours écouter celle qui correspond
à son goût et qui entre en résonance avec sa perception
individuelle. Il ne s’agit cependant pas de céder à
la subjectivité pure mais aussi d’essayer de répondre
au sujet de l’exposition et donc d’éviter l’arbitraire.
Il est également plausible de trouver que seul le silence corresponde
à certaines situations.
Jusque-là, je fais des montages d’images suivant les musiques
d’origine sans retouchées, une contrainte qui limite le
choix d’images et en quantité, de même que la durée
de vidéo. Mais, si je change et mixe une musique de quelqu’un,
ne pose-t-il pas de problème sur le droit d’auteur ? Pour
le moment, cela reste un usage personnel dans le cadre de recherche
universitaire. Cependant, peut-on considérer que c’est
une intervention artistique comme le Ready-made de Marcel Duchamp ?
Il réutilise des objets quotidiens déjà tout prêts
et leur donne une nouvelle fonction artistique. Toutefois, parmi ses
créations, il y a certaines pièces comme l’urinoir
collectionné au Centre Pompidou qui est commandé exprès
pour en faire un objet d’art. Comme dans beaucoup de projets artistiques
actuels, les artistes font appel à des professionnels pour réaliser
les pièces manquées.