Michael Heizer

Lorsque Cécile nous a présenté son projet de géolocalisation à partir de menhirs, il m’a rappelé le travail de l’artiste Michael Heizer, qui s’inspire des arts préhistoriques ou antiques pour créer ses œuvres.

Dés 1967, cet « archéologue » du Land Art, commence à marquer de son empreinte le désert du Nevada en créant des dessins, des ouvertures, des scarifications dans le sol. Il s’engage peu à peu dans la production de « earth-works » (œuvre d’art créée dans la nature et dont le matériel de base est la terre). Pour Double négatif (1969-1970), à l’aide de dynamite et de bulldozer (blurp !), il creuse dans la pierre et le sable, des entailles « aussi hautes qu’un building ». En effet, Heizer est fasciné par les grandes tailles et les masses importantes des bâtiments, plus que par leur fonction ou leur signification symbolique. Il travaille davantage sur la taille dans ses œuvres que sur l’échelle. Pour lui, la taille est réelle, tandis que l’échelle est « imaginaire ». Il s’attache avant tout à la perte de repères.

Le père de Heizer était un ethnologue et un archéologue spécialisé dans l’architecture précolombienne, ce qui fut une véritable inspiration pour Heizer. On retrouve cette affiliation dans son œuvre intitulée : ComplexOne/City (1972-1976), où il érige une construction abstraite de terre et d’acier, directement inspirée des anciennes pyramides.

Depuis 1988, il réalise des sculptures en retrouvant les formes des outils et des armes préhistoriques, qu’il taille et polit dans d’énormes pierres (Stèle, 1996). Cette même année, il réalise une série de Dessins post-historiques inspirées par les mêmes formes. Voici, ce qu’il dit à propos de travail et de l’art en général, qui est en lien direct avec la vie et les préoccupations de l’homme :

« La définition et l’utilité de l’art changent avec le temps, mais en fait, l’art constitue le témoignage d’une civilisation. S’il nous intéresse à l’époque où il se fait, c’est parce qu’on pense qu’il est en rapport avec notre vie. Plus tard, ce qui nous intéresse aujourd’hui intéressera ceux qui se pencheront sur notre époque ».

En ce sens, l’opération Menhirs de Cécile me paraît tout à fait intéressante, puisqu’elle intègre virtuellement des éléments celtiques dans un environnement urbain, au moyen d’un système technologique qui va faire correspondre, faire dialoguer les époques, les lieux, les évolutions, les modes de création et de transmission. D’autant que ce projet inclut la marche, la déambulation du spectateur à travers l’installation, comme un repérage et une prise de conscience du site (ce que Heizer revendique également!).


Elsa.D