Constant et le projet New Babylon
«La vie est un voyage sans fin à travers un monde qui change si rapidement qu’il en paraît toujours autre.»
Pourquoi parler de New Babylon dans le cadre de LMA? Les concepts de ce projet sont d’une actualité considérable, surtout par rapport a l’idée du déplacement constant que peut générer une activité créatrice. En revanche les idées d’une société qui privilégie le jeu non-fonctionnaliste demeurent très utopiques.
New Babylon est un projet de l’artiste néerlandais Constant Nieuwenhuys, realisé entre 1954 et 1974. Constant a participé au groupe situationniste et a travaillé dans plusieurs projets avec Debord. La mobilité est, pour Constant, celle de la migration; le déplacement des individus entraînant la transformation de l’architecture. En cela, Constant perpétue les préceptes des «situations urbaines mouvantes» défendues par Debord et les Situationnistes, dont il se sépare définitivement en 1960.
Constant était préoccupé avec la notion de déplacement et de mouvement. Il a imaginé une «ville» où les habitants peuvent se déplacer sans cesse, avec des domiciles changeants. La population dans le monde new-babylonien devient nomade et chaque secteur est traversé en permanence de part en part. Le déplacement entre les différents secteurs de la ville constitue une activité majeure. Le dynamisme d’une vie de création permanente exclut tout automatisme.
Si dans la société utilitaire on a recours à tous les moyens d’orientation optimale dans l’espace, pour garantir l’efficacité et l’économie du temps, à NB on privilégie la désorientation qui permet l’aventure, le jeu, le changement créateur. La promenade et l’exploration prennent le pas sur la ligne directe de l’espace utilitariste. L’espace de NB a toutes les caractéristiques d’un espace labyrinthique à l’intérieur duquel les gens ne se soumettent plus aux contraintes pratiques. L’essentiel de la culture Néo-Babylonienne est le jeu avec les éléments qui composent l’environnement.
La ville est un labyrinthe dynamique. La forme labyrinthique de l’espace social néo-babylonien est l’expression directe de l’indépendance sociale. La spatialité devient sociale. Au cours de leurs déplacements, les gens s’aventurent à la découverte de nouvelles sensations grâce à la multitude des ambiances rencontrées, où de nouveaux liens sociaux se tissent. Un individu peut subir l’ambiance ou l’environnement passivement ou les changer selon son humeur du moment. Constant imagine une ville sociale qui rapprocherait les hommes les uns des autres. À l’inverse des villes modernes qui divisent, Constant imagine une construction spatiale continue, dégagée du sol qui comprendrait les groupes de logements ainsi que les espaces publics.
La plupart des maquettes de New Babylon appartiennent à la collection du Gemeentemuseum de La Haye aux Pays-Bas qui les exposa en 1974. En 1998, le centre d’art Witte de With à Rotterdam consacra à Constant une exposition rétrospective majeure réunissant, pour la première fois, l’ensemble de ses œuvres. En effet, après l’arrêt de New Babylon, en 1974, Constant retourna définitivement à ses activités de peintre. En 2002, la Documenta de Kassel lui a aussi dédié une exposition personnelle.
Ana Cecilia Kesselring