La vie est une promenade
Si je n’ai pas encore écrit c’est parce que j’ai déménagé. Mais est-ce une vraie raison ? Oui, à mon avis oui. J’ai l’impression d’avoir transporté mille fois la même valise partout dans Paris. J’ai déménagé trois fois dans le même mois. Paris est spéciale pour ça, avec ses beaux escaliers et ses petites rues. Mais le plus lourd à transporter a été mon âme. On ne se rend pas compte du poids qu’elle a, l’âme, jusqu’au moment où on essaye de l’arracher de ce qui lui est familier. Elle avait peur la pauvre et s’accrochait à tous les poteaux qu’elle trouvait au passage.
Au milieu de ces belles promenades, pour moi Paris était devenu un aéroport, a eu lieu la promenade dans les passages avec Marc, que d’ailleurs je vois souvent ces derniers temps. Je voulais écrire quelque chose mais je n’ai pas trouvé le temps, qu’est-ce que je voulais écrire? Je ne me souviens pas. Peut être que ça m’avait impressionné plus que je croyais. Je ne sais pas pourquoi je n’aime pas Benjamin, question de style…
Mais je voulais parler de Paris comme aéroport, je ne sais pas si vous avez déjà eu cette sensation. Il arrive que les gens n’aient pas de lieu où vivre à Paris. Ça arrive souvent. C’est l’occasion de s’approprier de la ville, au moins c’est de cette manière là que je l’ai pris. Le six décembre j’écrivais dans mon journal: «ma vie est en suspense. J’attends mais je suis en mouvement. Je n’ai pas le temps de réfléchir ou de sentir et pourtant je pense et je sens en mouvement. Je me défais de moi, de moi assisse, de moi et de ma patience. Je n’ai pas de maison, ma maison est Paris.»
J’écris ça pendant que je bois un thé dans mon nouveau chez moi, où je suis très confortable. Je ne sais pas si je pourrais revivre cette sensation que Paris m’appartient. Peut être il faut être dans une situation limite pour sentir les choses d’une manière intense. En tous cas pour moi c’était de la flânerie pure, une expérience que je recommande fortement.
Noëlle Lieber