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«La rue conduit celui qui flâne vers un temps résolu. Pour lui, chaque rue est en pente, et mène, sinon vers les Mères, du moins dans un passé qui peut être d’autant plus envoûtant qu’il n’est pas son propre passé, son passé privé. Pourtant, ce passé demeure toujours le temps d’une enfance. Mais pourquoi celui de la vie qu’il a vécu? Ses pas éveillent un écho étonnant dans l’asphalte sur lequel il marche. La lumière du gaz qui tombe sur le carrelage éclaire d’une lumière équivoque ce double sol.» Walter Benjamin, Paris, Capitale du XIXe siècle, Cerf, 1989, p.434
«La principe de la ‘flânerie’ chez Proust: ‘Alors, bien en dehors de toutes ces préoccupations littéraires et ne s’y rattachant en rien, tout d’un coup un toit, un reflet de soleil sur une pierre, l’odeur d’un chemin me faisait arrêter par un plaisir particulier qu’ils me donnaient, et aussi parce qu’ils avaient l’air de cacher au-delà ce que je voyais, quelque chose qu’ils invitaient à venir prendre et malgré mes efforts je n’arrivais pas à découvrir.’ Du côté de chez Swann (I, Paris 1939, p.256) – Ce texte fait voir très clairement comment se décompose l’ancien sentiment romantique du paysage et apparaît une nouvelle conception du paysage qui semble être plutôt le paysage urbain, s’il est vrai que la ville est le terrain vraisemblablement sacré de la ‘flânerie’.» Ibid, p.439
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