Traces du sacré

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Le questionnement sur le destin de l’homme mis en place dans cette exposition, nous permet de suivre l’évolution de la relation que maintient l’art avec la spiritualité en Occident le long du 20e siècle. Chaque œuvre s’inscrit dans l’histoire et l’histoire s’inscrit dans l’œuvre, façonnant ainsi l’esthétique du 20e siècle.

À travers un néon publicitaire, Bruce Nauman diffuse le message ironique  «l’artiste authentique vient en aide au monde en révélant les vérités mystiques»: l’artiste devient le nouvel intermédiaire entre l’Homme et l’Au-delà. Originairement cette pièce été exposée dans la vitrine du studio de Nauman avec l’idée de faire de l’art qui ne ressemble pas de l’art. L’idée étant de faire passer le message aux passants qui pourraient le prendre comme une autre réclame de la rue. L’œuvre de Damien Hirst, Père, pardonne-moi car j’ai péché, parle de la mort avec une acide austérité. Le triptyque monochrome noir capte à travers multiples couches de mouches mélangés à la résine, un parfum de mort. C’est un rappel cynique de la nullité de la matière organique au-delà de la vie. Hirst, tel un psychanalyste dans une séance de thérapie lacanienne, interrompt le regard fasciné du patient/spectateur pour l’avertir sur l’inévitable mortalité de tous les êtres vivants. Macabre et ironique, il prend un positionnement qui caractérise l’ensemble de son oeuvre. Dans le mythique club de Zurich où le mouvement Dada a vu ses origines, la représentation évoquant la performance d’Hugo Ball au Cabaret Voltaire, parodie un guru imaginaire récitant le poème sans mot «Karawane», et montre l’attitude dadaïste de s’opposer à toute certitude idéologique.

  Hugo Ball,Poéme Karawane

Artiste militant, Ball passe ses derniers jours de vie à Ticino, où il se retire pour vivre une existence religieuse en complète pauvreté volontaire. L’exposition se termine sur le rôle des artistes concernant le spirituel aujourd’hui.

L’œuvre de Paul Chan 1st Ligth évoque, à travers les ombres d’hommes qui tombent dans l’abîme, le 9/11. La chute des tours de World Trade Center. Une partie de l’humanité chute alors que des éléments produits de notre société de consommation s’élèvent vers la croix formée par  le poste télégraphique.  On pourrait interpréter la vidéo projection comme une métaphore des mass media.

Paul Chan, 1st Ligth, vidéo projection

On rentre dans la salle de l’installation et l’on devient prisonnier. Le titre 1st Light pourrait impliquer que la brillance de la télévision n’est pas la vérité absolue, qu’il faudrait aller voir ailleurs pour connaître la vérité des événements. Mais en voyant toutes ces œuvres on se demande si le questionnement sur le sacré, participe encore à l’invention de formes dans l’art actuel.La citation de Duchamp «l’Artiste à une mission parareligieuse à remplir: maintenir allumée la flamme d’une vision intérieure dont l’œuvre d’art semble être la traduction la plus fidèle pour le profane …» (1) est-elle encore d’actualité? En tout cas, pourquoi ne pas inclure dans cette grande exposition, de l’art conceptuel à la Tino Segal, ou de l’art transgénique à la SymbioticA ou à la Art Orienté Objet? Pourquoi ne pas montrer de l’art engagé ailleurs que dans l’institutionnel, questionnant même la sacralité du marché?


(1) DUCHAMP, Marcel, Duchamp du signe, Paris, Flammarion, 1975      

4 commentaires pour “Traces du sacré”

  1. devis piscine dit :

    Merci j’ai partagé votre post via mon site.

  2. roue pas cher dit :

    Excellent article. Il est très complémentaire au miens.

  3. mutuelle dit :

    Bon texte. Votre article est complémentaire à celui.

  4. mutuelle santé dit :

    Pour commencer félicitations pour votre note, en même temps éclairantes et enrichissantes. Toutefois, quelques passages auraient mérité plus d’explications, en particulier dans la conclusion. Simplement une façon de dire que je suis pressé de lire la suite

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