Le paysage d’ailleurs, le paysage de détritus

C’est impressionnant. J’ai réellement vu une montagne dans une des salles du Palais de Tokyo. Une montagne de détritus. C’est l’œuvre saisissante intitulée Dump de l’artiste suisse, Christoph Büchel. Au pied de la montagne, il y a un tuyau qui se dirige vers l’autre côté de la montagne. Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? Je ne sais pas encore. On m’a dit qu’il fallait attendre encore deux semaines, puis le tuyau sera ouvert pour permettre au spectateur d’explorer l’autre côté. Pour l’instant, on peut seulement apprécier l’un des côtés de ce paysage artificiel.
En regardant la montagne, je me rappelle quelques images à propos des détritus.

Dream Island (Yume No Shima/夢の島), dans la baie de Tokyo, est une île artificielle entièrement constituée de détritus. Les détritus sont produits par l’activité quotidienne de la cité. Le paysage de Dream Island, que l’on retrouve dans des films et des mangas, surtout au cours des années 90 (la fin du siècle dernier), se transforme symboliquement en un lieu très particulier. C’est ici que l’événement mystique se produit, où l’on cache ses secrets, où l’on retrouve espoir… Bref, cette île de détritus est la source de possibilités multiples. D’ailleurs, le paysage de détritus pourrait figurer nos vies contemporaines de manière plus précises que tout paysage naturel.

Dans le documentaire artistique « Paysages manufacturés », la cinéaste canadienne, Jennifer Baichwal me fait entrer dans un petit village d’une province chinoise où sont collectés les déchets électroniques venus des pays développés. La grande quantité de déchets forme un massif de montagneux, et ce paysage est devenu «naturel» pour les habitants locaux. La vie des habitants est étroitement liée à ce massif de montagnes de déchets. La récupération des déchets est un moyen pour eux de gagner leur vie. Chez eux, on ne trouve pas même une télévision. Leur mode de vie nous révèle ce qu’est la «cueillette» de nos jours.

paysages manufacturés (2006)
Paysages manufacturés (2006)

Bien que j’aie gardé mon billet avec une signature pour l’ouverture du tuyau de Dump, j’ignore encore si je passerai de l’autre côté. Parfois, je préfère conserver l’image que je me suis faite de cet «autre côté».

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