Projet Necr'ose.

 

Cherchant à articuler mon travail autour du théme de la fiction documentaire, j'ai cherché a faire un travail different, d'une du reste des travaux habituellements proposés, mais aussi et surtout de mon propre travail habituel. Voyant chaque cours comme une occasion de progresser dans mon savoir, j'y ait vu l'opportunité de me lancer dans un sujet ou je n'était pas à l'aise, le dessin et surtout la couleur. Une envie de sortir de mon carquan de bichromie tranchante pour rentrer dans une coloration vaporeuse du blanc.

Ayant donc cette certitude, je possédais ainsi le support de la fiction. Il me fallait maintenant chercher le côté documentaire. Je reflechissa donc aux différents sujets que j'aimerais peindre: un sujet possédant des couleurs m'ayant captivé, un sujet original, et un sujet dans la limite de mes compétences, ou du moins quelque chose que je pourrais réussir a peindre. Il me fallait des couleurs fade et forte a la fois, telle les couleurs d'un calamar sous LSD.

Heureusement, je posséde la chance de faire un métier pour payer mes études assez original, qui me fournit assez souvent materiel à reflexion ou inspiration. En effet, je suis porteur cérémoniel, un travail plus connu sous le nom de croque-mort. Dans ce travail, je vois donc souvent des personnes décédées, dans un état de fraicheur plus ou moins dépassé, et aprés quelques temps d'adaptation dans ce travail, j'ai commencé a ne plus être dégouté mais fasciné. En effet, la peau des personnes défuntes, une fois le sang évacué ou coagulé, prend des teintes trés etranges. J'avais déjà remarqué ce changement trés esthétique de la peau en regardant mes propres mains en hiver, lorsqu'elles bleuissent sous l'effet du froid.

Je possédais donc le support fictionel et le support documentaire. Il fut aisé de les mettre en relation, je décida en effet de peindre la peau nécrosé. Aprés avoir pris quelques photos volés pour avoir un materiel de peinture, je me rendis compte que la représentation pur et dur avait peu d'interêt. Les personnes à qui je présenta mon travail furent fortement choquées et dégoutées par son esthétisme. Elles n'arrivaient pas à passer le premier choc du dégout.

Je me rendis alors compte de deux choses. Inconsciemment, je m'étais mit a peindre, non pas ce qu'il y avait sur les photos, mais un souvenir précis, quelqu'un, quelque chose, qui m'avait marqué. Deuxiemement, qu'en supprimant beaucoup de trait, le dessin était plus flou, mais du coup moins choquant. Quelque chose de beaucoup plus esthétique, adapté au public non habitué a ce genre de chose.

Voici donc le projet terminé. J'ai peint des personnes décédées afin de capturer l'esthetisme de la peau, les couleurs de cette arc en ciel gloque, afin de raconter leurs histoires, mon histoire, l'histoire du corps, de la mort et de la vie.

 

Le Dome

Salut Funeste

Jeunesse

Surprise

Toilette

Le Frigo

 

 

Antoine Deligne 237740