Corps contraint

Texte / Images

par Camille Bui

Mon corps au quotidien est quasiment toujours contraint dans des postures très limitées et établies, dans la vie quotidienne. Assis, debout, allongé. Ces positions sont liées à mon environnement physique, à mon comportement social, à des questions utilitaires. Mais, même si elles sont souvent justifiées spontanément, elles sont aussi prolongées artificiellement, selon les situations physiques vécues et les conventions de comportements.

Dans les sociétés occidentales, nous n'avons que peu l'occasion après un certain âge d'expérimenter au quotidien d'autres possibilités de notre corps que ces quelques positions définies, particulièrement dans l'espace public. Poussées à leur extrême, certaines positions et par extension, certains gestes répétés, en viennent même à créer des problèmes de santé. On doit même « faire du sport » pour permettre à notre corps de vivre, de survivre malgré cette assignation sociale à des comportements physiques limités et, à partir d'un certain point, nocifs. La vie quotidienne est principalement construite sur une activité physique utilitaire réduite ou une activité intellectuelle, le corps est ainsi enfermé dans une sorte de carcan invisible qu'on lui impose. On ne vit pas par notre corps pour lui-même, on se sert de notre corps.

Je ressens une frustration physique de cette espèce de renoncement aux possibilités du corps comme une partie de la vie. Ma peau comme première interface de contact avec le monde extérieur, est l'élément par lequel je ressens cette contrainte physique qui tire, étire, compresse, comprime au quotidien.

Texte à lire et images comme évocation mentale, pour mon sentiment d'une surface à la fois violentée et que j'aimerais radoucie. La peau comme surface de contact violent avec l'extérieur mais aussi permettant la proximité avec l'autre.

 

 

 

Voir les images & lire le texte /

Présentation dans l'espace /

Télécharger l'oeuvre + le cartel (cbui_projet2.zip > 5Mo) /

Références - Liens /

Longueur / largeur / profondeur, standard. Dur. Mon corps est mou. Je le tiens assis. Je prends la forme de la chaise, la chaise devait prendre la forme du corps, assis. Les multiples variations de ma surface ne s'adaptent jamais à ce matériau. Inadaptée. Mais jambes ne bougent plus et pendant des heures, leur sensation disparaît. Mon corps est dans une boîte, à l'air libre. Encastré sagement dans ces morceaux. Nuances organiques contre froideur synthétique-plastique.