Fleuve São Francisco

Depuis 1994 je développe un projet photographique sur les communautés installées le long du fleuve São Francisco.
São Francisco est un des plus grands fleuves au Brésil, mon pays d’origine. Du nord au sud du pays, il parcourt aussi bien des régions très developpées que des régions extrêmement démunies. Ainsi il croise cinq états très représentatifs de la population Brésilienne : Minas Gerais, Bahia, Pernambuco, Alagoas et Sergipe.
Il y a deux ans lors d’un de mes voyages le long du fleuve, j’ai rencontré Gaúcho, un photographe qui a un petit studio de photographie sur la rive gauche du fleuve, dans l’état d’Alagoas. En me racontant ses expériences et ses découvertes sur la région, il m’a parlé des différents voyages qu’il avait fait avec des hommes politiques de la région, Le but était alors de faire des photographies pour des documents officiels dans les petits villages et les fermes autour du fleuve. Ces derniers avaient l’intention de munir le plus grand nombre de pièces d’identité, nécessaires pour tout vote. De ce fait ils s’accompagnaient d’un photographe. Ainsi, j’ai pu récupérer les négatifs de Gaúcho. Mon projet est donc de les utiliser pour parler de l’identité du peuple brésilien. Identité dans deux sens : morphologique, caractéristiques physiques de ce peuple et son identité comme citoyens qui a été reconnu d’une façon officielle à de fins seulement politiques.
Ce projet prend la forme d’une vidéo avec les photographies de plusieurs hommes portant tous la même veste et la même cravate (lors la prise de vue). La vidéo me permet de mélanger tous les visages en parlant du métissage que représente la population brésilienne : comme dit l’anthropologue Paulo Freire dans son livre Povo Brasileiro ’ …Les origines de la population brésilienne sont un mélange entre indiens, portugaises et noires ».
Le fait que tous aient la même veste fait qu’on se demande pourquoi on veut les mettre dans un uniforme ? Quelle identité on veut leur attribuer, leur imposer ? Pourquoi ? Je ne vais pas répondre à ces questions, mon travail est justement de poser des questions.

Dans le cas d’une exposition, la vidéo doit être projettée sur un moniteur de 12 pouces, d’une façon très intimiste. L’idéal serait que le visiteur puisse déclencher cette projection à l'approche du moniteur. Pour cela, il serait nécessaire d'avoir un capteur sensitif qui déclenche automatiquement à la présence du visiteur.

 

Hiroshi Sugimoto : 1 - 2

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