Habiter
le passage
En prenant le quotidien comme
point de départ, il s’agit de faire une réflexion
sur des espaces domestiques, sur tout ce qui conforme notre environnement
le plus immédiat, ce qui nous entoure d’habitude, ce qui
se filtre par-dessous de nos gestes, de nos automatismes. C’est
surtout la prise de conscience sur le quotidien, la opération minutieuse
de sauver (lo de todos los dias ) comme partie d’un nouveau imaginaire,
de remarquer ce qui ne s’aperçoit pas, ce qui à force
de connaître devient presque invisible, de accumuler les mouvements
réitérés, inconscients et prendre soin d’eux,
les transformer en événement.
Se rendre compte
de gestes comme ouvrir ou fermer une porte, l’action de traverser
le seuil d’une porte, en sortant d’un espace pour arriver
à un autre. Les portes établissent par définition
une sorte de dialectique, elles sont des dispositifs qui communiquent
différents espaces, entre extérieur et intérieur,
entre présence et absence Elles sont des lieux où s’opèrent
tous les changements, les transitions entre plusieurs instances, entre
plusieurs états. Dans une maison, il y a une série d’espaces
qu’on peut définir comme transitoires, dont sa fonctionnalité
transforme en résiduels, sans importance, dont on peut se passer.
Repenser l’espace
d’une maison, désarticuler sa structure interne à
travers d’opérations de dissociation, d’éclatement.
Charnières qui se dédoublent, portes qui n’arrivent
jamais à se fermer ou qui se ferment vers plusieurs directions,
qui restent suspendues dans l’intervalle entre deux réalités.
C’est dilater le passage, élargir l’instant de le traverser,
rester, habiter la limite. Il y a la proposition d’une nouvelle
façon de parcourir un espace en prenant conscience des états
interstitiels à travers de changer la vitesse de perception, en
étant attentif à la transformation, au processus, élargir
le temps de la contemplation pour entrevoir l’imperceptible. Et
il s’agit pourtant d’un espace bien connue qui d’un
coup a devenu inquiétant, méconnaissable d’une certaine
manière, qui a été rythmé par des bruits sans
source apparente. Il y a parfois le trace d’une présence,
qui donne l’idée d’une quête, d’une recherche.
La maison, l’ensemble des espaces intérieurs et extérieurs,
devient une enceinte de circulation omnidirectionnelle, où on peut
sauter d’un état à un autre, où n’existent
pas les catégorisations spatiales, dont il n’y a pas des
espaces plus importants qu’autres.
|