ATELIER TERRITOIRE ET MEDIAS LOCALISES


FLOATING CITY 2011

SHU-JUNG CHAO


Video 8’ 14” en boucle, 16/9, couleur, sonore, projection ou moniteur

« Tout se passe comme si les créatures qui résident sur cette planète en ces années-ci, les créatures humaines qui, par millions, voyagent seules ou en familles, en clans et en tribus, voyagent parfois par nations entières, constituaient un sous-système à l’intérieur du système plus large des courants et marées, des vents et des climats, des continents à la dérive et des masses de terres qui se meuvent et se soulèvent, s’abrasent et se disloquent. Tout se passe comme si les pauvres créatures fourchues qui marchent, voguent et chevauchent à dos d’âne, voyagent par camions, autocars et trains entiers d’un point de cette terre à un autre ne faisaient que répondre à l’appel des forces naturelles invisibles, comme si c’était la gravité, et non la guerre, la famine ou les inondations, qui les faisaient sortir par petits groupes des villages à flanc de colline pour se rassembler sur les larges rives fangeuses de rivières en contrebas et attendre de pouvoir embarquer sur des radeaux pour descendre le courant vers la mer, traverser cette mer sur des bateaux qui prennent l’eau, jusqu’à parvenir aux lieux où ils viennent s’amasser en remous, rassemblent leurs familles égarées et leurs maigres possessions, établissent leurs logis, élèvent des enfants et deviennent à nouveau fertiles »

Russel Banks, Continents à la dérive, Babel, 1994, p.63.

Le territoire de la ville de Saint-Denis (où je fais mes études en France) croise le territoire de la ville de Taïpei (où je suis née et j’ai grandi).

Peu à peu ces deux territoires se mélangent et deviennent inséparables dans ma mémoire. Le chantier à la gare de Saint-Denis trace un fil rouge avec le chantier de la station de Taïpei.

Les mouvements imperceptibles mais puissants provoquent des failles et des rencontres, des fusions mais aussi des disparitions de temps. Les frontières deviennent internes et virtuelles, un point de vue double. Les notions de déplacements, de nomadisme, de déracinement et la vie dans ces milieux, « flottante, entre deux mondes », me conditionnent.

C’est la confrontation de deux paysages, celui que porte la personne en elle et celui qu’elle rencontre. C’est aussi pour réconcilier mon ciel et ma terre, se réapproprier mon espace, mon paysage.

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