Coraly Suard, auteur réalisatrice, Jours tranquilles au Musée Précaire Albinet, film, 2005 (doc PDF)



mercredi 15 juin 2005, à Paris 8, salle de cinéma, bâtiment de l'ufr Arts, premier étage, à 17 heures, Coraly Suard auteur réalisatrice, nous présentera son film Jours tranquilles au Musée Précaire Albinet, 52 mn, 2005, co-production ARTFILMS/Centre Pompidou/Atelier T.Hirschhorn.

Jours tranquilles au Musée Précaire Albinet est un film qui s'appuie sur une expérience artistique hors du commun, l'exposition de chefs d'oeuvres originaux, prêtés par le Centre Pompidou, dans une cité HLM de Seine Saint-Denis.

Il met en évidence les relations qui s'établissent entre les habitants de ce quartier, créées par le surgissement de ces oeuvres d'une valeur inestimable. C'est un événement artistique déclencheur de fiction, une utopie s'incarnant dans le réel, une altération du quotidien que le film retrace...

Le Musée Précaire Albinet est un projet de l'artiste Thomas Hirschhorn réalisé du 19 avril au 14 juin 2004 à l'invitation des Laboratoires d'Aubervilliers. Le projet était d'exposer des oeuvres originales clés de l'histoire de l'art du 20e siècle au pied de la cité Albinet dans le quartier du Landy à Aubervilliers. Pendant huit semaines les travaux de huit artistes dont l'utopie était de changer le monde étaient présentés: Marcel Duchamp, Kasimir Malevitch, Piet Mondrian, Salvador Dali, Joseph Beuys, Le Corbusier, Andy Warhol, Fernand Léger.


Quiet Days at The Temporary Museum Albinet is based on the unusuel artistic experience - exhibiting original masterpieces of art on loan by the Center Pompidou in a "bad" neighborhood near Paris. It strives to show the relations between the residents of this neighborhood which come to life thanks to the appearance of these invaluable pieces of art. The artistic event becomes the starting point of a fiction, a utopia becoming flesh in the reality...

The Temporary Museum Albinet is the work of the artiste T. Hirschhorn realized from April 19 through June 14, 2004 in response to the invitation by the Laboratoires d'Aubervillers. His work was to present original key works of the 20th century on the ground in front of a project housing called Albinet in the Landy neighborhood of Aubervilliers. During 8 weeks the works of 8 artists who dreamed of changing the world were exposed: Marcel Duchamp, Kasimir Malevitch, Piet Mondrian, Salvador Dali, Joseph Beuys, Le Corbusier, Andy Warhol, Fernand Léger.



L'archive du Musée Précaire Albinet est sur le site des Laboratoires d'Aubervilliers
http://www.leslaboratoires.org

Pour mémoire, le lieu du Musée Précaire Albinet


Hirschhorn: "Je déteste le volontarisme dans le monde de l'art. Bataille Monument [le projet fait chez Documenta 11 - juste avant Le Musée Précaire Albinet] était un projet d'art et ni un projet social ni de l'art social. J'ai voulu construire le monument avec les habitants. Je ne pouvais pas accomplir ce travail, seul. Dans tout le projet, ils est clair pour moi que je suis un artiste, pas un travailleur social. La question n'était pas 'puis-je vous aider? [ ou ] qu'est-ce que je peux faire pour vous?' c'était plutôt 'pouvez-vous et voulez-vous m'aider?'" Tema Celeste #105 Sept/Oct 2004.

Hirschhorn: "I DON'T MAKE POLITICAL ART. I WORK POLITICALLY."

'Extraits de l'éditorial d'Yvane Chapuis paru dans le Journal des Laboratoires n°2, mai 2004, dans le temps même du Musée Précaire. Nous le reprenons du site des Laboratoires.



À l’heure où la fabrication de ce deuxième numéro se termine, Le Musée Précaire Albinet bat son plein à l’autre bout de la ville. Cinq semaines bientôt que cette idée de Thomas Hirschhorn a pris forme. Des œuvres de Duchamp, Mondrian, Malevitch et Dali se sont déjà succédées au pied d’une barre d’immeuble dans le quartier du Landy pour céder la place dans les semaines qui viennent à celles de Beuys, Le Corbusier, Warhol et Léger. Des œuvres réputées difficiles parce qu’elles ont osé et osent encore transformer notre vision du monde. Des œuvres qui pourtant dès lors qu’on les active produisent des effets sur la sensibilité, en l’occurrence celle des personnes qui composent un quartier réputé lui aussi difficile.

Un quartier loin d’être démuni semble-t-il de ce capital humain que s’acharne à défendre sur un autre terrain le mouvement des intermittents. Mouvement dont l’élargissement aux enseignants, aux chercheurs, aux scientifiques, aux salariés de la santé, à tous les précaires est irréductible à une lutte purement catégorielle ni même à la « lutte des classes » au sens classiquement marxiste.

Avec la résistance farouche de ce mouvement à l’idéologie libérale qui consiste à présenter comme une fatalité l’absorption par le marché de la plupart des activités humaines (y compris la culture et la création artistique), s’est accélérée la mise en circulation dans la sphère publique d’analyses qui insistent sur la valeur d’une richesse produite hors de l’entreprise et intégrée par elle à travers la discontinuité de l’emploi et la flexibilité du travail. Cette richesse se produit dans la mise en commun des savoirs, des idées, des connaissances, des informations, des goûts, des désirs, dans la vie comme vie sociale. Cette richesse est produite par chacun et conduisait il y a quelques années les défenseurs d’un revenu garanti pour tous à cette démonstration d’une logique imparable :

L’industrie du spectaculaire intégré et du commandement de l’immatériel me doit de l’argent. Je serai intransigeant avec elle jusqu’à ce que j’obtienne ce qui me revient.
Pour toutes les fois où je suis apparu à la TV, au cinéma comme à la radio, comme passant occasionnel ou comme élément du paysage, et où mon image ne m’a pas été payée ;
Pour toutes les fois où mes traces, inscriptions, graffitis, photographies, dispositions d’objets dans l’espace (stationnements fantaisistes, accidents catastrophiques ou spectaculaires, actes de vandalisme, ouvertures de squats, etc.) ont été utilisés à mon insu dans des shows ou des journaux télévisés ;
Pour les mots ou expressions à l’impact communicationnel assuré forgé par moi dans les bars de quartier, sur les places des villes, sur les murs, dans les centres sociaux et qui sont ensuite devenus des indicatifs d’émissions, des slogans publicitaires ou des bâtonnets glacés sans que je vois passer un sou ;
Pour toutes les fois où mon nom et mes données personnelles ont été mis au travail gratuitement dans des calculs statistiques, pour adapter l’offre à la demande, définir des stratégies de marketing, augmenter la productivité d’entreprises qui me sont on ne peut plus étrangères ;
Pour la publicité que je fais continuellement en portant des tee-shirt, des sacs à dos, des chaussettes, des blousons, des maillots, des serviettes de bain où sont inscrits des marques et des slogans, sans que mon corps ne soit rémunéré en tant qu’affiches publicitaires ; pour tout cela et pour bien d’autres choses encore, l’industrie du spectaculaire intégré me doit de l’argent !
Je comprends qu’il serait compliqué de calculer combien me revient à moi en particulier. Mais cela n’est pas du tout nécessaire, car je suis multiple et varié. Et ce que l’industrie du spectaculaire me doit, elle le doit aux nombreux autres que je suis et elle me le doit parce que je suis nombreux.
C’est pourquoi nous pouvons par conséquent nous mettre d’accord en vue d’une rétribution forfaitaire généralisée.*

* Déclaration à reproduire librement et à lire en tout lieu d’où pourrait réémerger du public, paru dans la revue Persistances nº4, printemps 1998.

"Le projet Le Musée Précaire Albinet s’inscrit dans le cadre de la réflexion que les laboratoires mènent depuis plusieurs années sur la capacité de l’art à exister au-delà des espaces qui lui sont attribués. La mise en œuvre de ce projet a débuté en novembre 2002. Sa visibilité est prévue pendant deux mois au printemps 2004 dans le quartier du Landy."



En décembre 2004, Thomas Hirschhorn a créé Swiss Swiss Democraty au Centre culturel suisse à Paris
http://ccsparis.com/projets/04-2004/