Emmanuel Lagarrigue
né en 1972
vit et travaille à Paris
Dernières expositions : 24 h deluxe, Hotel Scribe, Paris, 1999; Rencontres Internationales Hors-Circuit, Berlin, 1998; La Console, Paris, 2001

Art contemporain et culture électronique

_in Nova n°82, Hot Guide, page 5_ Patrick Thévenin : "E-art ou croûtes fluo": "... la manière dont les musiques électroniques peuvent contaminer l'art correspond plus à un réseau de connexions intimes comme celles qui ont pu se tisser, à leur époque, entre le pop art et le rock'n' roll.Des artistes comme Pierre Huyghe, Dominique Gonzales-Foerster... ou le collectif Saas Fee ... rendent compte de la manière dont les musiques électroniques ont envahi notre environnement quotidien."

Le collectif Saas Fee expose à la 9e Biennale de l'Image en Mouvement de Saint-Gervais Genève du 2 au 11 novembre 2001: Sound System -interaction musique/image: "Au premier étage du Centre pour l’image contemporaine, le collectif d’artistes plasticiens de Francfort Saas Fee (Alex Oppermann, Moni Friebe, Alex Rössler, Al Dhanab, Malte Tinnus et Valentin Beinroth) produit un environnement global interactif et ludique dans la grande salle d’exposition du Centre pour l’image contemporaine, composé de caissons lumineux, de projections et d’animations interactives, dans une ambiance lumineuse et sonore. Sur le site Saasfee, vous pouvez accèder au site de la dernière exposition Global techno, festival d'Avignon 2000 (sous navigateur explorer).


_Manifesto musique_in Crash, n°18, octobre 2001_page 90_Jean-Yves Leloup_Au-delà du spectacle: “La musique électronique a tout à gagner à se projeter, à se déployer dans l’espace, à penser son dispositif et sa place dans l’environnement, bref à s’imaginer ‘plastique’.” Cet article explore les scénographies possibles de la connexion art/musique électronique, à partir de la musique vers l’art, et trouve des nouvelles figures de l’artiste. Le titre-label de l’article “Au-delà du spectacle” est paradoxalement une reprise du titre de l’exposition de janvier 2000 au Centre Pompidou. Il en ouvre le sens. A propos de l’observation du Festival Sonar de Barcelone en juin 2001, du Festival Aquaplanning à Hyères, du “Placard” du collectif Burö, Jean-Yves Leloup énonce les éléments d’une scénographie usée (1,2,3), puis des éléments et des figures d’artistes antidotes (4, 5, 6, 7); Citations en sept points :

1_Le concert : “Alors même que l’électronique éclate dans toutes les directions, qu’un bon nombre d’artistes cherchent de nouvelles voies, on assiste à l’immuable rituel du héros face à son public [le mode du concert].”

2_La rave: “La dance music a trouvé sa scénographie idéale. La rave, le club, l’entrepôt désaffecté ou la prairie de la free-party, c’est le lieu rêvé pour y rassembler DJ et danseurs. Un décorum uniforme, un théâtre de sons et de lumières parfait” : “Dans l’espace techno du Montjuic2 dans cet antre déshumanisé et gigantesque, aux poutres métalliques et au sol bétonné...Sous les coups de boutoir de Carl Cox ou de Jeff Mills, et grâce à un sound-system hors du commun, la techno dévaste tout sur son passage, plongeant des milliers de danseurs dans une masse informe et presque solide, celle du son.” “L’intimité et la proximité aux artistes est inexistante”, mais pourquoi pas ?

3_Les visuels défaillants:
“présentés lors des concerts, ne parviennent jamais à égaler, ou même à soutenir le travail des musiciens.” Les expositions connexes : “diaporamas désuets, vitrine hors d’âge, ...sculpture-installation sans intérêt du DJ et musicien star Jeff Mills”. “A trop se rêver culturelle, la techno a fini par y perdre de sa pertinence.”

4_L’installation antidote "Let's Dance" de Claude Lévêque: présentée à la Fondation Miro “Le dispositif... : des rideaux de tulle illuminés à la lumière noire, animés par une série de puissants ventilateurs, le tout sur fond de percussions obsédantes, composé par Gérome Nox.... Le visiteur solitaire, plongé au coeur d’un espace... comme vidé de ses danseurs... [est] entre malaise et extase.”

5_Le Festival Aquaplanning à Hyères:
En juillet 2001. La musique électronique, ce n’est pas seulement une musique “de sueur et de foules .. c’est aussi une musique intimiste qui demande, qui nécessite même, une forte interaction avec son environnement”. A Hyères, “une architecture stylisée [la villa Noailles], un milieu naturel adéquat, une météo clémente... peuvent suffire à créer ces sensations de proximité et de disponibilité.” Connexion sans doute d’un type de musique à une forme de vie particulière celle des grandes vacances.

6_Les nerds placides du laptop: Le “Placard”, événement fin juillet à Vienne et à Paris, organisé par le collectif Burö. La scénographie : “pendant trois jours non-stop, des musiciens de la scène électronique, pour la plupart équipés de leur laptop se succédèrent dans l’appart en travaux de la rue Pelleport... les lives étaient diffusés par casques, pour un public de cinq à six personnes, faisant face à l’artiste. ...On pouvait retrouver là toute la nouvelle cohorte des musiciens laptop, nerds inexpressifs dont la seule mimique scénique se résume souvent à de brefs mouvements de poignet pilotant une souris.”

7_Quelque chose qui relèverait de l’installation:
Ramon Bauer, fondateur du label viennois Mego, fer de lance du laptop dit: “on ne peut plus continuer sur le mode scénique, artiste contre public... Sans doute faut-il penser à quelque chose qui relèverait de l’installation.
Jean-Yves Leloup conclut : “La musique électronique a tout à gagner à se projeter, à se déployer dans l’espace, à penser son dispositif et sa place dans l’environnement, bref à s’imaginer ‘plastique’”, au-delà du spectacle donc.

Note de bas de page
Jean-Yves Leloup, "La satiété du spectacle"_ in Crash n°18, page 71: "Ne peut-on, envisager aujourd'hui l'art sous un mode plus démocratique, plus sensible, Quelque chose de l'ordre de la fusion et du télescopage des pratiques, des talents, des médiums, qui sortirait la pop de son aura sacralisée?..... "


à venir : Sonic Process, une nouvelle géographie des sons_ Centre Georges Pompidou
Commissaire: Christine van Assche, du 23 janvier 2002 au 1er avril 2002