Fluxus : Ben PATTERSON et Bertrand CLAVEZ—http://www.4t.fluxus.net/ http://www.ben-vautier.com
À la fin des années cinquante de jeunes artistes, influencés par Dada, par l'enseignement de John Cage et par la philosophie Zen, effectuèrent un minutieux travail de sape des catégories de l'art par un rejet systématique des institutions et de la notion d'oeuvrd'art.

La personnalité de Georges Maciunas se dégage bientôt de ce groupe: il crée une galerie en 1961 et organise des concerts de musique contemporaine, ainsi que des expositions de ses amis (John Cage, Dick Higgins ou La Monte Young) avant de s'installer en Allemagne.

En septembre 1962 il organise le premier concert Fluxus, le Fluxus Internationale Festpiele Neuester Musik, qui marque les véritables débuts du mouvement. Bientôt des dizaines d'artistes des cinq continents s'y associent et trouvent dans cette pratique joyeuse et iconoclaste, l'espace de liberté qu'ils recherchaient.

Ben Patterson, musicien virtuose, performeur enragé, co-fondateur de Fluxus, fit le choix courageux de disparaître près de vingt ans de la scène artistique, estimant que son engagement social et politique primait sur une esthétique de l'engagement —tartufferie dont on nous ressert aujourd'hui les restes en version post-moderne— qui avait alors les faveurs de ses comparses.

Une fois retraité du monde réel, il est revenu à l'art par une pratique ludique mêlant indifféremment la performance, le graphisme, la cuisine, la musique, l'installation (et beaucoup plus si affinités éclectiques), dont l'apparente innocence ne doit tromper personne : Ben Patterson multiplie les procédures de collages pour mieux refuser l'adhésion, et préfère de loin le soulèvement au prélèvement.

Sa dernière oeuvre est le voyage qu'il réalisa cette année en ralliant le Japon depuis Wiesbaden par le Transsibérien. Ce trajet, ponctué de performances, visait à fêter son 70ème anniversaire au sommet du Fuji-Yama en compagnie de ses amis.

Fluxus étant ce qu'il est, les amis sont restés en bas et Ben Patterson, après 12 heures d'ascension dans la neige, s'est arrêté à 500 mètres du sommet: il a estimé que le rejoindre ne valait pas l'heure d'efforts supplémentaires qui retardait son retour vers la fête qui l'attendait en bas.
Conférence : mercredi 13 octobre 2004, 17h-20h, A1-172, + visite de Régimes inesthétiques