AU-DELÀ DU SPECTACLE-Centre Pompidou-Paris 12-2000/01-2001, compte-rendu-work in progress

| deux pages | ici c'est la page 2 | aller à la page 1|
DOUGLAS GORDON, SOMETHING BETWEEN MY MOUTH AND YOUR EAR

Premiers cartels d'oeuvres, repris de l'exposition française, avec annotations (work in progress). Toutes les vidéos ont été réalisées (tournages et quicktimes) par Gwenola Wagon.

GILLIAN WEARING, THE REGULATOR VISION, 1995-1996, vidéoprojection et moniteur vidéo: GV soulève les problèmes de la frontière entre documentaire et fiction. la pièce donne à voir des figurants agissant comme des cow-boys filmés par la caméra de surveillance de la Hayward Gallery à Londres: "Les espaces blancs intiment souvent un certain respect, et j'aime le complet irrespect de cela". Les problèmes d'identité culturelle et de transgression sont au coeur de la parodie d'un western "live" qui s'appuie sur la culture populaire et la mythologie cinématographique, pour explorer les idées de moralité et d'héroïsme et le pouvoir de la fiction au coeur de toute pratique artistique.

DOUG AITKEN,THESE RESTLESS MINDS, installation vidéo, 1998, courtesy 303 gallery, New York: DA utilise les codes de séduction et d'exaltation du videoclip pour réaliser une oeuvre volontiers esthétique. Même s'il aborde des problèmes comme les destructions écologiques et l'irrésistible tourbillon dans lequel nous entraîne la vie contemporaine. The restless minds témoigne d'un genre différent de géographie et de spectacle: le paysage américain contemporain se superpose à la parole syncopée d'un commissaire priseur, la frénésie sonore évoque la surcharge d'information de notre société. Aitken cherche à amener le spectateur vers quelque chose d'un peu plus intangible, au sens de la découverte et de l'interrogation.

MATHIEU BRIAND, SYS*05, ReE*03/SE*/MOE*2-8, collection caisse des dépots, coproduction centre pompidou: MB remet en question notre langage visuel en le situant hors des pratiques artistiques traditionnels. Souvent son travail requiert une collaboration entre artistes, scientifiques, ingénieurs et philosophes, dans le but de changer notre conception de l'auteur et de l'expérience de l'art, et utilise la technologie afin d'explorer les changements psychologiques, physiques et sociologiques propres à notre culture. Pour ADS, MB réalise un dispositif qui brouille les frontières entre les perceptions physiques et virtuelles. À l'aide de lunettes vidéo, le spectateur échange sa propre perception avec celle des autres, ainsi les expériences changent et de manière aléatoire. Leurs connections à travers le dispositif crée un méta-espace à l'intérieur de l'exposition, un espace mental dans l'espace architectural. L'artiste cherche une schizophrénie contrôlée.


YAN CEH, CLIPPER 1.0, 2000, installation multimédia: rédacteur depuis 1966 pour plusieurs revues sous le nom de Yan Ceh, l'auteur multiplie les rencontres avec des artistes issus des différents domaines de la création. Son intérêt se porte sur l'interaction entre les différents champs artistiques que sont l'art, la musique, le cinéma, la danse, l'architecture et la mode. Clipper 1.0, sa première oeuvre présentée dans une institution est une installation multimédia traitant de l'univers des vidéos musicales (appelées clips, seulement en France,loin de la définition originelle de clip, d'où l'ambiguité du titre) aussi bien leur idéologie que leurs supports de diffusion. Au-delà de la fascination et de la séduction qu'exercent les vidéos musicales, il s'agit de révéler les principes et les valeurs qui sont à la base même de la société occidentale contemporaine, développés et amplifiés par les mass médias, et de montrer dans quelle mesure ellles se font l'écho permanent de notre société.

DOUGLAS GORDON, SOMETHING BETWEEN MY MOUTH AND YOUR EAR, 1994, installation sonore, collection privée: Dans de nombreuses installations et dispositifs, jouant de nos différents sens, DG explore les réactions sensibles et physiques du spectateur comme sa participation active. Ainsi produit-il une oeuvre aux formes variées bien qu'unifiées par le thème de la mémoire et plus spécifiquement de la mémoire collective. Dans l'obscurité bleu nuit, dénué d'éclairage artificiel, (deux ronds au plafond) sont diffusées des chansons populaires qui ont précédé de quelques mois et suivi la naissance de l'artiste. Transgressant les relations conscientes du son et de l'image, DG s'intéresse au contexte culturel en tant que facteur de conditionnement de notre perception du monde. Références: Eisenstein MLB-Plongée dans le sein maternel, collection Art et esthétique. Dès les années trente, Eisenstein a tenté de retrouver cet archétype universel p.50: "seules les oeuvres d'art les plus parfaites supposent la position inversée. Cela signifie qu'à un stade déterminé de l'inspiration - le métier consistant à fixer avec la plus grande plénitude les visions de l'inspiration dans des images visuelles - l'image visuelle obtient dans le cadre de la composition une stabilité multilatérale (circulaire). Elle acquiert une harmonie 'intérieure' littérale par la création de 'son" monde personnel, nouveau, autonome, tout comme les planètes, tout comme la terre qui a son centre d'attraction circulaire pour toutes ses parties constituantes. Comme toute oeuvre de Douglas Gordon, l'esthétique de la familiarité produit de l'inquiétude et de l'effroi métaphysique. (à suivre)

MARTIN KIPPENBERGER, DISCOBOMBS, 1989, huit boules disco et perruques: À l'opposé de Beuys, c'est une esthétique flirtant avec le mauvais goût, les boules sont échouées au sol....

DIKE BLAIR, WHITE LANGAGE, 1991; BROWN MUSIC, 1991: Deux photos et peinture sur verre font référence au EPCOT Center, un des parcs d'attraction créé par Walt Disney sur le thème du voyage et du futur (sophistication des images).

DAN GRAHAM, THREE LINKED CUBES, INTERIOR DESIGN FOR SPACE, SHOWING VIDEOS, 1986, plaque de verre, miroirs, armatures de bois, collection Whitney museum: DG entame une réflexion sur les principes esthétiques et modernistes se concentrant sur les mécanismes de la perception au travers d'expériences dans différents contextes, les espaces des musées et de réception dans différentes formes de création artistique. Il s'intéresse aux idéologies qui sous-tendent des phénomènes sociaux comme le rock. Three... est une réflexion sur la sculpture, l'architecture, l'art optique par le mélange des surfaces réflexives et transparentes permettant au visiteur de voir simultanément les vidéos, leur relation, et celles des autres face au mêmes vidéos. les limites entre privé et public, individuel et collectif, intérieur et extérieur sont questionnées. On lui apposera ou opposera à la fois le bar d'Art &language de Documenta 10, ou celui de Rirkrit T et Dougals Gordon de Manifesta 2, aussi bien que le Gillian Wearing de l'exposition (à suivre)


GENERAL IDEA, 1968-1994, YEN COKTAIL HOLDER, 1989, TEST PATTERN:TV DINNER, PLATES FROM THE GENERAL IDEA PAVILLON, 1988: ceci est un jeu parodique sur les identités artistiques qui les réunit en 1968, ils conçoivent GI, un logo leur permettant d'infiltrer les médias. Mêlant réalité et fiction dans leurs vidéos, performances, magazines, ils campent des personnalités artistiques, et glamour pour mieux les tourner en dérision. La dimension critique allant croissant, ils se nourrissent dans les années 80 des différents discours sur le sida, GI's YenBoutique présente sous la forme d'un environnement télévisuel une déclinaison sarcastique des mires de la télé.


MINAKO NISHIYAMA, NICE LITTLE GIRL'S WONDERFUL DRESSING UP ROOM, 1992, acrylique sur panneaux de bois, vêtement, tapis, ampoules, techniques mixtes: représentante de la mouvance japonaise pop Kawai (mignon, joli) mièvrerie alliée à l'industrie du sexe.

DAMIEN HIRST, LOVING A WORLD OF DESIRE, 1995, techniques mixtes, collection Prada: fait référence à un temps, à un temps suspendu, bien sur, mais aussi à un temps révolu que l'on aimerait capter dans cette suspension (age d'or de la jeunesse). L'objet est ici une expression impure du langage minimal rendu à l'enfance de l'art et l'expression au propre comme au figuré d'une envolée et d'un suprême détachement. "My idea of a perfect art piece would be a perfect sphere in the centre of a room. You would come in and walk around it, it would just be there (I want to spend the rest of my life everywhere, with everyone, one to one, always, forever, now (1991). ... floating, without strings or wires.

DAMIEN HIRST, PARTY TIME, 1996, techniques mixtes, Denver Art Museum: DH transforme un simple cendrier de table en un exemplaire unique surdimensionné, un "territoire" de la cigarette, évoquant la dépendance mais aussi l'envers du spectacle, de la fête, l'après à l'odeur de tabac froid. Il souligne, après le nouveau réalisme et le pop art, l'impact des résidus et des déchets d'une société où consommmation et communication interfèrent sans nostalgie. "Every time I finish a cigarette I think about death". "Sometimes I feel like I've been stubbed out, like a cigarette, and I'm alive in the world today. 50 other people must feel like that too." "Everything I do is celebration-at the very least it's a celebration."

OROZCO, OVAL BILLIARD: GO applique les techniques de la sculpture à des objets simples sans annuler leur statut originel. Il manipule ainsi souvent des jeux modifiés pour en faire des métaphores du développement social et de l'interaction, les joueurs pouvant amener leurs propres règles comme le critique l'écrit: "GO est un activiste dans le sens où son activité journalière se confronte aux défauts de notre perception de la réalité. En rendant le familier étrange, O offre une méditation poétique sur le jeu, l'engagement social et la fragilité de l'expérience du quotidien. Avec O, l'artiste propose une version du billiard en osmose avec le lieu ovoïde qui leur avait été initialement commandé mais annule par là-même toutes les règles du jeu initial.

RENO, NO MORE REALITY, WELCOME TO TWIN PEAKS: reproduction d'un élément de décor figurant au générique de TP, placé à l'entrée de l'exposition, le panneau brouille les frontières entre fiction et réalité, le spectacle de la réalité faisant irruption dans la réalité du spectacle et l'exposition devient un film sans caméra, une narration ouverte à l'interprétation.

JACQUES PIERSON, APPLAUSE, 1997, caisson lumineux: "Je considère ce travail comme documentant le désastre inhérent à la recherche du glamour (le glamour étant ce qui n'est pas réel). On voit l'oeuvre en fond du Maurizio Cattelan.

MAURIZIO CATTELLAN, STUDIO : chaque intervention de MC au coeur du monde de l'art mêle humour et subversion. Il utilise les idiomes et les formes artistiques disponibles pour réfléchir aux mécanismes et aux structures disponibles qui règlent l'espace et les codes culturels. Son oeuvre cherche à se donner les moyens d'utiliser le système sans le subir. L'obsession du foot et l'anxiété de l'augmentation de l'immigration : l'artiste organise le match entre une équipe de la ligue italienne et une équipe d'immigrés sénégalais.


FELIX GONZALEZ-TORRES, LE RIDEAU D'OR: dégagée de sa symbolique homosexuelle facile, qu'on peut apposer à la pluie d'or de la Danaé de Titien, et si c'est une pluie d'or, on peut y voir comme dans l'exposition "Largesse", de Jean Starobinski, au Louvre_où il développe le thème_celui de la "Largesse", le thème du don fastueux: "une équivalence analogique semble mettre en correspondance l'huile et l'eau bénite dispensées par la puissance religieuse avec la monnaie répandue ensuite de par le roi. La grâce descendue d'en haut se transmue: elle est huile sur la tête du roi, elle devient or entre les mains des hérauts. Une faveur, accordée par l'autorité la plus haute descend sur le peuple. Faveur dont l'archevêque pratiquant l'onction et le roi répandant la monnaie n'auront été que les médiateurs. La monnaie répandue est preuve de vie et confirme le "qu'il vive" des acclamations. Nul n'en a donné uneimage plus saisissante -à la limite de l'hallucination- qu'Eisenstein dans la scène du sacre d'Ivan le Terrible. À la vision d'Ivan le Terrible, on revient à une interprétation "obtuse", soulignée par Barthes. (à suivre)
||deux pages |aller à la page 1| ici c'est la page 2|