Esprits de Paris est constitué d'une série de vidéos de lieux parisiens liés au thème dix-neuvièmiste du spiritisme, projetées sur des moniteurs posés à terre, à intervalles réguliers sur la circonférence de la pièce plongée dans la pénombre et calfeutrée de matériaux isolants de mousses alvéolées_murs et bancs devant l'écran. Les vidéos sont des "matériaux" live labellisés par la date du jour, suggérant "que le lieu muséal est impropre à l'exposition d'un tel travail artistique". Sur l'écran biface suspendu au centre de la pièce , un autre document "live"d'un dancefloor, où les corps filmés en infrarouge dansent sur un mix des bruits enregistrés. Transe spiritiste contre transe du clubbing. Kelley en appelle ici au même intérêt que portait "Burroughs aux ramifications politiques des processus d'enregistrement et de montage". Un climat gothique très actuel dans cette installation, la froideur sépulcrale tant des images d'architecture d'immeubles (ou de tombeaux) que des stucs des grottes du jardin des buttes chaumont, aidant, on se persuade très vite que les sons renvoient bien des effluves des esprits (de leurs idées) des écrivains et artistes morts sur ces lieux, domicile d'Isidore Ducasse, de Tristan Tzara, tombe de Jim Morrison... tout cela en complète adéquation avec la danse ésotérique, inspirée et spectrale en club. Une manifestation enfin intéressante de l'esthétique de la communication.